Mia Madre

Film : Mia Madre (2015)

Réalisateur : Nanni Moretti

Acteurs : Margherita Buy (Margherita), John Turturro (Barry Huggins), Giulia Lazzarini (Ada), Nanni Moretti (Giovanni)

Durée : 01:47:00


Le sang chaud italien débarque dans les salles françaises ! En déperdition depuis plusieurs décennies, le cinéma péninsulaire nous offre cette fois une belle surprise. De la fraîcheur. On en avait besoin. L’œuvre du réalisateur Nanni Moretti connaît un bon succès et le public n’avait de cesse de reconnaître dans le personnage principal joué par Margherita Buy les élans dramatiques si chers et si appréciables de nos cousins italiens.

Au talent de la pasionaria Margherita, devant diriger son projet cinématographique autant que son opéra familial, se conjugue l’entrée en scène d’un drôle de rital absolument ingérable sur un plateau de tournage, en la personne de John Turturro (O’Brothers, The Big Lebowski). La mèche prend feu, et nous voilà rapidement sur le grand huit des émotions italiennes, avec une Margherita zélée affrontant d’un coup fantaisies d’acteur, crise d’ado de sa fille, fuite d’eau et manipulations de sa mère souffrante. Eclairs de joie et de tristesse sillonnent constamment le scénario de Mia Madre, légèrement appesanti par quelques longueurs.

On salue le soin de la réalisation (70 jours de tournage, moitié moins en moyenne dans l’Hexagone) et la qualité des dialogues. Si la mise en scène se montre peu ambitieuse, il y a néanmoins dans ce film une intéressante autocritique du cinéma actuel, visant certaines « stars » autoproclamées incapables d’apprendre trois tirades d’affilée, et certains réalisateurs peu efficaces dans la façon de traduire leurs idées ingénieuses. On trouve aussi la revendication d’un « nouveau type d’engagement », de nouvelles idées.

Sous les froufrous de cette histoire banale non dénuée de cricris et de frisottis, où l’on disserte sur la meilleure façon d’apprendre le latin, sur la nécessité de ne pas perdre l’héritage de Tacite et de Virgile, et plus prosaïquement, sur les bonnes décisions à prendre en cas de crises accumulées, sous tout cela se cache la clé du succès qui pourrait relancer notre cinéma : des personnages vrais qui cherchent la vérité au milieu de situations complexes, décrites dans un cadre simple mais beau en ce qu’il parle au spectateur de l’homme dans sa grandeur et sa petitesse. A tout le reste, basta ! Ça ne marche pas.