My Left Foot

Film : My Left Foot (1989)

Réalisateur : Jim Sheridan

Acteurs : Daniel Day-Lewis (Christy Brown), Brenda Fricker (Mrs. Brown), Alison Whelan (Sheila âgée), Hugh O'Connor (Christy Brown (enfant))

Durée : 01:40:00


 Vous trouverez Christy Brown, peintre atteint d’une paralysie spasmodique (ne pouvant se servir que d’une jambe et souffrant de spasmes permanents, en plus simple), tout juste supportable. Admirable pour son combat héroïque pour arranger les choses, et en même temps pénible au possible parce que plus humain que jamais. Quant à son entourage, il est à son image : imparfait, médiocre parfois, courageux souvent. My Left Foot jette un regard profondément authentique sur cette situation à part, rien d’étonnant évidemment, vu qu’il est l’adaptation du livre éponyme, écrit par notre Brown lui-même.

Plutôt que d’entrer dans une logique de vie insurmontable, d’euthanasie, de découragement, chacun dépasse sa petite condition, s’efface au service des autres, pour gravir la montagne de l’accueil de ce handicap. Et quelle joie au sommet de cette ascension ! L’histoire de ce type encourage à accepter la souffrance, en espérant le bonheur malgré tout, en ne prédestinant personne à être affreusement malheureux. Le film va totalement à l’encontre du raisonnement condamnant d’avance les gens à un spleen éternel.

Le caractère vrai de l’écriture permet de donner un exemple non idéologique. Pas de famille idéalisée, d’amour fantasmé, de courage hallucinant, de rutilement hypocrite de joie dans ce problème grave du handicap, non ; pas de « propagande » pro-life pourrait-on dire. La force de My Left Foot vient de toute la nuance apportée aux actes et aux caractères : Christy est pénible à vivre, est un poids pour les autres, une source de tristesse réelle. Mais lui et ses gens, sa famille et un docteur acceptent le combat, si dur soit-il, sans pour autant devenir parfaits du jour au lendemain. Ce n’est pas un rêve solidaire, c’est le récit d’une réalité. L’accueil du plus faible a cette capacité de rendre les autres meilleurs, plus forts, de tirer tout le monde vers le haut. C’est le « génie » du bien, si l’on peut dire : tirer un héroïsme ordinaire d’une folie atroce, transformer la boue en or, pour reprendre des termes baudelairiens.

Très classique, la réalisation fait place nette à la narration et au talent bluffant du grand Daniel Day-Lewis (Oscar du meilleur acteur pour ce rôle). Trop classique diront certains, la surprise devenant rare. Mais qu’importe, le message est passé : les efforts demandés aux hommes sont toujours à leur portée, et leurs fruits, inestimables.