The Nice Guys

Film : The Nice Guys (2016)

Réalisateur : Shane Black

Acteurs : Ryan Gosling (Holland March), Russell Crowe (Jackson Healy), Margaret Qualley (Amelia), Kim Basinger (Mère d'Amelia)

Durée : 01:56:00


11 ans après Kiss Kiss, Bang Bang Shane Black, une des rares personnes à soutenir Mel Gibson en dénonçant publiquement qu'il soit sur la liste noire d'Hollywood, revient à son premier amour en portant à l'écran un nouveau duo « choc » : Russel Crowe et Ryan Gosling.

Première constatation de premier ordre : l'ex- « gladiator » a méchamment grossi.

Deuxième constatation : ça ne l'empêche pas de distribuer de mémorables bourre-pifs et de faire un saut suivi d'une galipette par-dessus un canapé (merci au cascadeur, on fera semblant d'y croire).

Jackson, le personnage qu'il incarne, est donc une bonne brute placide mais déterminée dont le travail consiste à casser des mâchoires au poing américain contre espèces sonnantes et trébuchantes.

De son côté Holland, interprété par Ryan Gosling, est un authentique détective privé, avec une licence et tout et tout qui, par sa constitution plus commune, se borne à exercer avec finesse un métier pas toujours très propre.

Deux hommes, deux façons d'exercer, une rencontre… fracassante.

Quoique l'idée fut amusante, ce n'est pourtant qu'une des facettes d'un scénario. Les deux hommes, intéressés principalement par l'argent malgré quelques bons sentiments, enquêtent sur la disparition d'une jeune fille dans le milieu de la pornographie.

C'est sale, mais vous n'avez encore rien vu. Voilà la fille de Holland, qui doit avoisiner les 12-13 ans, s'incrustant dans l'enquête malgré les hauts cris de son père. La voilà fréquentant le milieu, parlant sodomie, regardant des films pornographiques avec les actrices, et le film prend un malin plaisir à la mettre en contact avec ce contexte malsain.

Évidemment, le cinéma américain excellant dans l'art de se racheter une bonne conscience, cette petite oie blanche semble ne rien perdre de son innocence. C'est elle qui, plusieurs fois, tente d'empêcher cette grosse brute de Jackson de dessouder ses victimes. Ça vous rassure ? Moi non plus… J'avais déjà dénoncé ce fait (dans Kick Ass, par exemple) : le cinéma prend de plus en plus un malin plaisir à mettre l'enfance en contact avec la violence et la pornographie.

Et de la violence, ici, il y en a. Shane Black n'ayant pas la même maladie mentale que Tarentino, ce pourrait être pire, mais la violence est bien présente, montrée crûment, sans état d'âme.

D'un point de vue artistique, le scénario bien construit est compliqué sans être opaque, ce qui permet d'installer un suspens, et de maintenir efficacement l'intérêt du spectateur.

Les scénaristes s'offrent même une critique de la politique. Ça ne mange pas de pain, c'est facile mais assez bien intégré au tout.

Il en ressort un film assez prenant, moyennement drôle (mais était-ce le but ?) et moralement contestable.