Nocturnal Animals

Film : Nocturnal Animals (2016)

Réalisateur : Tom Ford

Acteurs : Amy Adams (Susan Morrow), Jake Gyllenhaal (Tony Hastings / Edward Sheffield), Michael Shannon (Bobby Andes), Aaron Taylor-Johnson (Ray Marcus)

Durée : 01:57:00


Un scénario d'exception qui mêle les degrés diégétiques. Adaptation du roman éponyme de Tony and Susan d'Austin Wright (1993), l'histoire principale est scindée en deux : la partie diégétique à proprement parler, qui met en scène une galeriste lassée de tout, et la partie en flashbacks, qui raconte sa jeune amourette avec un écrivain qu'elle pensait raté.

En parallèle, un troisième niveau de lecture : le livre écrit par celui-ci à celle-là, métaphore cinglante et sanglante de leur vie passée, magistralement formalisée entre autres par les raccords analogiques (femme sous la douche, homme sous la pluie)...

Les thèmes abordés sont divers : une claquounette en passant à l'art contemporain, au travers de réflexions cyniques et particulièrement bien senties (ancien styliste, Tom Ford sait de quoi il parle) ; l'avortement, dont il est clairement indiqué qu'il prive le héros de sa fille ; une réflexion sur le rôle du père et du mari, qui doit être fort pour préserver ceux qu'il aime ; un questionnement sur la vengeance et, en particulier, sur les suites à donner aux erreurs judiciaires, éternel débat porté par le cinéma : faut-il buter le gars relâché par la justice et dont on sait bien, nous, qu'il est coupable ?...

La plastique du film est très convenable, même si le générique de début, montrant de façon appuyée des femmes obèses en train de faire un strip-tease pour dénoncer l'inanité de l'art contemporain, est peu ragoûtant ! La nudité est d'ailleurs très présente dans le film, et la violence, en particulier sexuelle, s'invite sans gêne.

La scène du roman dans laquelle [spoil]les voyous adoptent un comportement menaçant[/spoil] est particulièrement bien rendue. Le malaise transpire de la toile pendant de longues minutes pendant lesquelles le spectateur ne sait à quoi s'attendre, marquant ainsi l'empreinte d'un excellent thriller.

D'une manière générale, tout en refusant heureusement toute voix-off contre laquelle Tom Ford s'est immédiatement positionné (cf. dossier de presse), le film évite l'écueil impitoyable de l'image-littérature, piège infâme où s'est engouffrée la Nouvelle Vague française, dans lequel le réalisateur essaie de faire passer l'équivalent des longues descriptions littéraires dans des plans interminables où les acteurs grimacent et durent...

Nocturnal animals est donc un thriller très efficace et bien ficelé, emmené de main de maître par Tom Ford et porté par des acteurs talentueux.