Nos femmes

Film : Nos femmes (2014)

Réalisateur : Richard Berry

Acteurs : Daniel Auteuil (Paul), Richard Berry (Max), Thierry Lhermitte (Simon), Pauline Lefevre (Estelle)

Durée : 01:35:00


Nos femmes est, à l'origine, une pièce écrite par Eric Assous, un Tunisien écrivant habituellement des pièces à la chaîne pour France Inter. Celui-ci a décidé de confier la réalisation d'un long-métrage adaptant son œuvre au cinéma à Richard Berry, qui avait déjà signé la mise en scène de la pièce. À l'exception de Simon, interprété habituellement par Didier Flamand et non par Thierry Lhermitte, les rôles masculins sont dévolus aux mêmes, à savoir Richard Berry (décidément) et Daniel Auteuil. A noter que, cette année, ses deux partenaires sont cependant Jean Reno et Patrick Braoudé.

Bref : en se mettant derrière la caméra, Richard Berry continue de pétrir une pâte théâtrale qu'il connaît par cœur.

C'est peut-être pour cette raison que Daniel Auteuil, retrouvant son complice, surjoue un peu au début du film, oubliant que le cinéma est au théâtre ce que le chant amplifié est à l'opéra. Tout en douceur pépère, calme-toi !

La pièce, en elle-même, est aussi banale que son schéma narratif. Trois copains qui se retrouvent, et un élément déclencheur qui fait prendre à chacun conscience que leur vie ne vaut pas un clou. Sans parler du théâtre, le sujet est usé jusqu'à la corde. Assez récemment, on pensera aux films Barbecue ou Les petits mouchoirs, mais il suffit de regarder les comédies américaines pour retrouver la même chose. Si l'on allait chercher du côté du théâtre, on trouverait ce scénario très fade à côté du génial Art, de Yasmina Reza, qui met en scène presque la même chose : trois copains qui remettent toute leur vie en question à cause de l'œuvre d' « art » que l'un d'eux a acheté.

Pâle copie encore, lorsque Richard Berry se met à danser du rap sur une chanson de NTM, comme Tom Cruise l'avait fait de façon brillante et improvisée, lui, à la fin du film de Ben Stiller Tonnerre sous les tropiques. Après tout, quand on écrit pour France Inter, on est prié de n'être ni génial, ni original.

Le reste est correct. On ne s'ennuie pas, les acteurs, mis à part le bémol précité, sont bons, le décor (un appartement splendide surplombant le Trocadéro) très agréable. Heureusement d'ailleurs puisque, filiation théâtrale oblige, il s'agit d'un huis clos dont les sorties ne sont que des anecdotes.

Pourquoi Nos femmes, puisqu'il s'agit de trois amis qui se rencontrent ? Tout simplement parce que la partie de leur vie qui va être remise en cause, c'est leur relation avec la gente féminine.

Simon est un abruti, amoureux d'une femme de magazine (jolie, donc, mais aussi adultère qu'une lapine en chaleur), Paul vit aux côtés d'une femme absente mentalement et de sa fille qui aimerait pouvoir lui parler, et Max, quant à lui, se trouve à la croisée des chemins : sa compagne le met en demeure de l'épouser.

Des vies méchamment foireuses, donc, qui vont bien entendu s'arranger comme dans toutes les pièces « bas de gamme » pour un public idiot (ce qui ne veut pas dire qu'une pièce dans laquelle tout s'arrange est « bas de gamme » et son public idiot), par la prise de conscience de chacun d'eux. Simon, qui paraît être le plus paumé, est en réalité le plus stable puisque mis à part le fait qu'il pourrait bien avoir tué sa femme, il est en fait un confident dévoué. Mais être le moins paumé ne signifie pas être équilibré, entendons-nous bien...

Difficile de comprendre ce qui suscite vraiment l'intérêt de Richard Berry pour cette pièce et, donc pour le film. Si elle remplit bien sa fonction de divertissement et donne l'illusion au spectateur de plonger dans les profondeurs de l'humanité, elle ne fait qu'effleurer des questions auxquelles elle répond à peine, et c'est bien dommage.