Nuit blanche

Film : Nuit blanche (2011)

Réalisateur : Frédéric Jardin

Acteurs : Tomer Sisley (Vincent), Julien Boisselier (Lacombe), Joey Starr (Feydek), Serge Riaboukine (Marciano)

Durée : 01:38:00


Une réalisation musclée mais insuffisante, nous amenant dans une boîte de nuit où un policier qui joue un double jeu avec la mafia tente de sauver son fils.

On peut reconnaître que Nuit Blanche ne manque pas de vigueur : Fréderic Jardin,
habitué des films en huis-clos (avec
Cravate club et Les Frères sœurs par exemple), nous offre ici beaucoup d'actions, de courses-poursuites, de revirements de situation, le tout presque entièrement dans une boîte de nuit, ce qui rajoute à l'ambiance un côté excessif qui pourra plaire à certains, mais fatiguera d'autres. La quasi-totalité du film est tournée en caméra épaule ou steady cam, agrémentée de vues tantôt subjectives,
tantôt objectives
(comme les scènes en voiture de La Vengeance dans la peau, de Paul Greengrass en 2007). Ainsi, le film paraît encore plus mouvementé, on pourra même parler d'expérience plus « immersive ». Comme l'explique le réalisateur dans le dossier de presse : « La caméra n’est pratiquement jamais posée, il y a très peu de machinerie, tout est réalisé à la main. Pour des raisons budgétaires mais aussi parce
que la forme du film c’est d’être dans la peau de Vincent… Avec la bonne nervosité et une relative fluidité… »

Cependant, s'il est clair que les réalisateurs ont bien travaillé sur le rendu de l'action dans le film, on ne peut pas en dire autant de la psychologie des personnages, de la vraisemblance de certaines scènes ou encore de la qualité du script.

De fait, parmi différentes incohérences, certaines réactions du mafieux de service José Marciano restent difficilement explicables et si, au début du film, les problèmes relationnels entre le père (Vincent) et le fils (Thomas) paraissent bien traités,
la psychologie de leur relation s'avère quelque peu bâclée : la transition entre les deux phases de cette relation est trop vite vue.

Certaines scènes paraissent également fort incohérentes. Ainsi certains personnages restent étrangement statiques au milieu de situations très délicates (au cœur d'une fusillade par exemple).

Un aspect agréable du film est qu'il développe de petites idées qui lui apportent un peu de souffle : un gamin complètement impertinent qui essaye de faire une leçon de philo à un mafieux, ça
conservera toujours un côté comique.

Venons-en au principal de l'histoire : le héros se retrouve dans une situation embarrassante car il a braqué des mafieux afin de récupérer de l'argent. Attention : ce qui suit contient des parts (minimes) de l'intrigue. On se rend compte par la suite qu'il s'agit d'une enquête (qui semble découler d'une initiative personnelle) d'infiltration dans la mafia, afin de faire tomber un supérieur corrompu. Une première question se pose alors : ce brave commandant de police peut-il user de son autorité et voler de la drogue pour ses fins ? En l'occurrence, on peut penser que Vincent ne peut faire autrement que de s'en remettre à lui-même, car il ne peut s'appuyer sur la hiérarchie, au risque de tomber sur le «&
nbsp;ripou » ou sur un de ses contacts. Et il n'y a pas de mal non plus à ce que des policiers volent de la drogue à des mafieux. Le problème ici est l'utilisation qui va en être faite (bien que l'on sache que le but est de faire tomber le policier corrompu), qui reste floue. Le deuxième problème est que Vincent est infiltré dans la mafia. Il a donc probablement bossé pour les Siciliens, or, même si c'est pour piéger le plus grand des « ripoux », on ne peut se permettre de vendre de la drogue ou de commettre quoi que ce soit d'intrinsèquement mauvais. On ne sait cependant pas précisément son rôle dans le milieu, ce qui lui laissera le bénéfice du doute.

Sur l'ensemble, bien que le film ne soit pas un chef-
d'œuvre, et passées les inconvenances oculaires dues à des éclairages stroboscopiques, on n'est pas déçu (plus spécialement si « film français avec flics » rime avec Luc Besson pour vous), car ici, la police n'est pas ridicule ou complètement pourrie (bien qu'il y ait des moutons noirs dans l'équipe), et le réalisateur n'abuse pas des côtés sombres de la mafia.