Only God Forgives

Film : Only God Forgives (2013)

Réalisateur : Nicolas Winding Refn

Acteurs : Ryan Gosling (Julian), Kristin Scott Thomas (Crystal), Vithaya Pansringarm (Chang), Gordon Brown (Gordon)

Durée : 01:30:00


Le cercle infernal de la vengeance, question éternelle que Nicolas Winding Refn (Drive, of course) étudie à sa manière, très personnelle donc.

Seul Dieu pardonne. Un désespoir sur le pardon, qu'il juge possible, mais fou : le monde est assez cruel pour punir ceux qui se vengent et ceux qui pardonnent. Les forts s’entretuent, les faibles se font tuer. Bref, « l’homme est un loup pour l’homme ». Mais le film nous laisse à d'autres considérations en baissant le rideau … Only God Forgives est si spécial que la question devient : jusqu’où va la liberté créatrice ? Ici, elle est simplement sans borne, sans auto-critique. « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage » … Après avoir été loué pour Drive, son auteur fait trop confiance en son génie d’esthète au détriment de la narration : oui, ces images sont magnifiques, oui, la lenteur est belle, mais pas lorsqu’elle fait se déplacer des personnages comme des automates ; la contemplation est une chose sublime, mais ici, que doit-on contempler ? On frôle le héros se mouchant au ralenti. Le rythme choisi est excellent pour des scènes majeures, mais pendant tout un film, on s’épuise. Contempler ? On ne croise que des gens antipathiques, trop englués en Enfer pour être sauvés, englués notamment dans un sulfureux  complexe œdipien qui se contente simplement d’évoquer le rapport tortueux entre la mère, vraie furie, et le fils, sa déception (et la nôtre). Une boucherie tape-à l’œil, sans la moindre pudeur. Tant pis pour Ryan Gosling, trop endormi, même pour un flegmatique, et surtout pour Kristin Scott Thomas, qui remue ce spectacle nombriliste où elle affronte un méchant mono-expressif. Génial n’est pas synonyme de spécial, la preuve.