Armando Iannucci est un spécialiste du genre : se moquer des élites en montrant leur cynisme extrême. Il montre avec un humour noir et grinçant comment les grands hommes sont ordinairement petits, et règlent le sort du monde à la légère. Cela lui avait réussi dans In the Loop (2009), où la diplomatie anglo-saxonne en prenait pour son grade. Cette fois-ci, Staline et son entourage, qui se dispute sa succession, passent au filtre de ce traitement à la fois parodique et sérieux : le monde se règle-t-il vraiment avec tant d'insouciance et de cruauté ? Et cette approche, qui fait tomber de leur piédestal ces hommes envieux, n’est-elle pas plus proche de la vérité que les manuels d’Histoire ?

Une sombre réussite, portée par des dialogues fusant à tout va, et des acteurs se prenant complètement au jeu : celui du sort de tout le bloc de l'Est, et de ces quêtes de misérable gloire.