Pension complète

Film : Pension complète (2015)

Réalisateur : Florent Siri

Acteurs : Franck Dubosc (François), Gérard Lanvin (Alex), Pascale Arbillot (Charlotte), Audrey Dana (Pascale)

Durée : 01:15:00


L'histoire est classique mais définitivement chargée en intensité. Un mari réapparaît après plusieurs années d'absence, sa femme est remariée. « Brave marin revient de guerre, tout doux » résonne la chanson populaire.

Mais alors que dans la chanson, l'ancien mari décide de se retirer, ici il revendique ses terres, son restaurant, sa femme, et initie de ce fait une situation explosive. La guerre est déclarée.

Pour donner la réplique à Gérard Lanvin, Franck Dubosc. Ceux qui ne voyaient en lui qu'un pauvre clown sans envergure se sont trompés. Dubosc se plante devant Lanvin et ne lâche rien. Le comique face au râleur. Un exercice de funambulisme périlleux, puisque le film doit absolument rester une comédie, mais maîtrisé, puisque le défi est finalement remporté.

Dans cette mayonnaise, Pascale Arbillot est le liant. Elle donne la réplique de façon sincère, et parvient à ne pas se faire écraser. C'est déjà bien.

Pour tenir le temps qu'il faut, les scénaristes montrent le trio amoureux dans tous ses états. Les hommes se battent et la femme est bien embêtée, les maris s'entendent trop bien et la femme est exaspérée. L'un des deux est stérile, l'autre fécond, l'un est sérieux et travailleur, l'autre gouailleur et bon vivant. La pauvrette essaie tant bien que mal d'évoluer entre les deux, mais ce n'est finalement pas ce qui préoccupe le cinéaste, qui concentre plutôt la caméra sur les deux têtes d'affiche.

Dans une pareille situation, quel peut être l'élément de résolution ?

Celui-ci est envisagé par le scénario de façon plutôt intelligente, mais cette résolution du problème laisse en réalité présager de nombreuses futures turbulences que le spectateur est prié de ne pas envisager pour rester dans l'esprit de la comédie. Or, quand on n'est pas complètement décérébré, on envisage… Et dès lors on pressent que dans la réalité aucune vraie solution n'existe en dehors du désistement d'un des concurrents. N'en déplaise aux locataires saisonniers du Cap d'Agde, l'amour à trois est une voie sans issue.

Décidément, les situations extraordinaires appellent des héros, et notre époque peine à en produire. Je me rappelle quelques veillées autour du feu où la chanson d'un pauvre marin me mettait face à un choix dont je ne voulais pas. J'admirais un héros à la cheville duquel je n'arrive toujours pas.

Brave marin vida son verre, tout doux

Sans remercier, tout en pleurant,

S'en retourna au bâtiment, tout doux.

Respect les mecs. Ça c'est un homme !