Planétarium

Film : Planétarium (2016)

Réalisateur : Rebecca Zlotowski

Acteurs : Natalie Portman (Laura Barlow), Lily-Rose Depp (Kate Barlow), Emmanuel Salinger (André Korben), Amira Casar (Eva Saïd), Louis Garrel (Fernand Prouvé)

Durée : 01:48:00


 Planétarium est la preuve que le cinéma n’aura jamais fini de se recycler. Ce film français très ambitieux tente de revisiter l’histoire du cinéma à l’époque des années 1930, en suivant le destin du producteur français André Korben, désireux d’enrôler deux médiums américaines, les sœurs Kate et Laura Barlow. Un film, donc, qui entend émouvoir nos contemporains sur les sujets de curiosité en vigueur au début du siècle précédent.

Malheureusement l’impression de recyclage apparaît assez rapidement pour la simple raison que le film ne respecte pas les codes du langage et du comportement relatifs à cette époque. A la manœuvre, la réalisatrice Rébecca Zlotowski, 36 ans, pourtant issue d’un parcours universitaire solide (Ecole Normale Supérieure, Fémis), n’a pas réussi à restituer la valeur historique de sa fiction, si ce n’est peut-être dans les décors et les costumes. Et encore, il outrepasse des repères assez élémentaires, comme le fait que l’on ne diffusait pas encore de films en couleur dans les années 1930, et que l’on considérait comme grossiers les très gros plans sur les visages, à la mode aujourd’hui. Pour Rebecca Zlotowski, Planétarium parle en fait du monde d'aujourd'hui, bien que l'intrigue soit ancienne : « Je ressentais la nécessité de commenter le monde glissant, crépusculaire, dans lequel on est entré, avec les outils du romanesque. » Une façon élégante de parler d’anachronisme.

Espoirs français encore en rodage

Sur le fond, toute l’intrigue du film repose sur l’intuition assez creuse et bizarroïde d’un homme peu exceptionnel qui croit déceler un talent particulier chez des professionnelles de la relation extracorporelle ayant tout l’air d’être tombées de la dernière lune. Résultat, l’intérêt de raconter cette histoire ne brille pas par son évidence. On se demande à quel moment Natalie Portman, chuchotant à la presse sa relation d’amour-haine avec la France, va sortir de son rôle habituel de femme jalouse (Deux sœurs pour un roi, Black Swan).

Les auteurs croient tenir le bon bout en se contentant de fignoler la photographie – le shooting –, mais on a vraiment du mal à se resituer dans les années 30. On n’est pas du tout transporté sur une autre planète, contrairement au fameux Magic in the Moonlight de Woody Allen (2014) qui abordait quasiment le même sujet avec un décalage assez amusant. Au rayon des notes positives, on remarque l’attrait particulier de la French touch qui attire de plus en plus les talents américains, à l’image ici de Natalie Portman et de Lily-Rose Depp, que ce soit pour le cinéma ou les séries (Cf. Jude Law, The Young Pope). On accueille aussi avec plaisir le désir de Lily-Rose Depp de tourner en français : « C’était la première fois que je lisais un scénario en français. J’ai étudié en anglais, donc à l’écrit, c’est davantage ma culture. Lire en français, pour moi, c’est tout de suite beaucoup plus littéraire, c’est une autre culture, que j’ai aussi et qui me plaît beaucoup », a-t-elle expliqué. « Le scénario m’a fait miroiter un film très français par rapport au cinéma américain que je connais. » Comme quoi l’avenir n’appartient pas forcément aux barbarismes !