Préjudice

Film : Préjudice (2015)

Réalisateur : Antoine Cuypers

Acteurs : Nathalie Baye (La mère), Arno Hintjens (Alain), Thomas Blanchard (Cédric), Ariane Labed (Caroline)

Durée : 01:45:00


Un premier film réalisé par un jeune journaliste inconnu, Antoine Cuypers, qui n’hésite pas à se comparer lui-même à Michel Haneke (Palme d’Or pour son film Amour en 2012, 42 ans de carrière), ce qui a de quoi faire sourire à la vue de la bien pauvre mise en scène de son petit scénario bien maigre s’en prenant ouvertement à la bourgeoisie et à ses comportement parfois feutrés qui cacheraient des souffrances, pense-t-il avoir découvert ! Comme c’est original !

L’histoire tourne durant près de deux heures autour de Cédric, un trentenaire marginal toujours chez ses parents profitant d’un dîner en famille pour faire regretter à ses proches réunis, pourtant patients et compréhensifs, son mal être et le manque d’amour dont il se dit victime. Loin d’endosser la caricature amusante de Tanguy (Etienne Chatiliez, 2001), notre héros tragique établit mordicus le procès de sa famille. Il se heurte à la réaction de sa sœur accomplie et enceinte, irresponsable a priori dans son malheur, puis à celle de sa mère qui ne réussit pas à trouver mauvaise conscience, notamment à cause du mal qu’elle se donne à l’entretenir chez elle tous les jours.

La grande erreur de notre réalisateur novice est de ne point renseigner volontairement le spectateur sur la cause du mal dont pâtit Cédric, ce qui empêche de porter sur lui un jugement critique. Ce choix malheureux laisse trop clairement apparaître le ressentiment peu objectif du réalisateur à l’égard du milieu familial. Il semble vouloir faire admettre comme une évidence le fait que la mère et la fille devraient forcément avoir mauvaise conscience. Résultat, le spectateur a surtout l’impression que Cédric est un emmerdeur à la sensibilité anormalement développée, incapable de se prendre en charge et qu’il récolte des remarques bien méritées. Son unique mode de communication est le sadisme ! Dans ce cas de figure, l’oubli pour le personnage principal d’une autocritique raisonnable apporte peu de relief à l’histoire et fait pécher le film d’un certain amateurisme. On sent que le réalisateur a du mal à prendre du recul avec son histoire personnelle. Il ne se rend pas compte que beaucoup de ralentis peu nécessaires et une musique surjouée, s’ils atteignent ses propres souvenirs, laissent très perplexe le public. Non seulement son histoire n’a pas de portée universelle, mais en plus elle laisse transparaître une curieuse conception des relations humaines, basées sur l’impulsivité incontrôlée d’une personnalité à l’allure éclatée.

Si vous êtes fan des mauvaises ambiances, vous trouverez là votre malheur !