Quand les Anglais copient le (mauvais) cinéma français

Film : My Lady (2018)

Réalisateur : Richard Eyre

Acteurs : Emma Thompson (Fiona Maye), Fionn Whitehead (Adam), Stanley Tucci (Jack), Ben Chaplin (Kevin Henry), Wendy Nottingham (Laura), Nikki Amuka-Bird (Amadia Kalu QC), Jason Watkins (Nigel Pauling), Rupert...

Durée : 1h 45m


Un juge, citoyenne britannique distinguée, doit trancher si oui ou non, un gamin de 17 ans à l'agonie peut refuser des soins médicaux prohibés par sa religion (Jéhovah) et se laisser ainsi mourir. 
Vous pensiez que l'on assisterait à un duel épique, bien que biaisé, entre foi et raison ? Qu'on se demanderait s'il vaut mieux mourir intègre que vivre compromis ? Que nenni ! Le livre dont le film est issu s'en moque manifestement, ou alors le film prend de larges libertés.

"Parfois, la vie vaut mieux que la dignité", avance la protagoniste juge aux affaires familiales, dans la bande-annonce. Vous sentiez le beau débat n'est-ce pas ? Fuyez, pauvres fous ! Il n'est ici question que de relations troubles, d'amour entre deux vieux qui se retrouvent - c'est beau - à coup de tromperies (proches de la pédophilie, soit dit en passant), le tout à coup de scènes soit ennuyeuses, soit tire-larmes.
Il est impossible de pleurer sur des personnages peu attachants. Une femme de soixante ans sensible aux jérémiades d'un garçon à peine majeur, dont elle s'amourache à moitié, ne peut être attachante ; l'ado en question encore moins. Rien de ce qui se trame n'est compréhensible, explicable, et ce qu'on attend de plus grotesque arrive à un moment ou un autre. Sur cinq cents pages, qui sait, à force de matraquage de psychologie contemporaine, on finit peut-être par croire à de tels sentiments. Mais sur une heure quarante, alors qu'on n'a pas encore digéré sa déception concernant l'absence de réflexion philosophique, autant vous dire que c'est rigoureusement impossible. Impossible de croire une seconde à ce qui se passe, et plus le film avance, moins on y croit, sans compter les incohérences logiques parfois énormes qui viennent ajouter du plomb à l'ensemble déjà bien lourd. 

Le film est passé rapidement en salles. Il en est ressorti aussi discrètement qu'il y est entré. Vous n'avez rien raté. Roman gâché peut-être ? Si la philo est aussi peu invitée sur scène, on pourrait bien se passer du livre également. On avait envie de rire un peu, au moins : après tout, "mon corps mon choix" aurait pu servir de ligne de défense au garçon témoin de Jéhovah, qui ne veut pas que son sang - qui est son âme, paraît-il, en espérant que le film ait mal résumé la chose - se mélange à celui d'un moldu. 

"Parfois, la vie vaut mieux que la dignité." On est bien content, finalement, de ne pas avoir été d'accord dès le départ.