Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?

Film : Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? (2013)

Réalisateur : Philippe de Chauveron

Acteurs : Christian Clavier (Claude Verneuil), Chantal Lauby (Marie Verneuil), Ary Abittan (David Benichou), Medi Sadoun (Rachid Benassem)

Durée : 01:37:00


Pour dénoncer les clichés frappant les enfants de l'immigration ce film raconte, fête de Pâques oblige, l'histoire d'une famille catholique tournée en ridicule. Le prêtre achète des soutanes sur sa tablette pendant qu'il confesse, la mère va à la messe de minuit sous les railleries de ses filles, la paroisse est le siège des mauvaises langues en tous genres, et le père veut marier sa dernière à un garçon moche de bonne famille. J'espère que vous avez compris le message : tous les clichés sont interdits sauf ceux qui salissent la famille française, catholique et de droite... Les idiots, eux, s'arrêteront au fait que des blagues inoffensives touchent également les autres cultures.

Voici donc la réponse d'une caste show-biz hébétée par les événements récents contre le mariage pour tous. La famille catholique, cette empêcheuse de se sodomiser en rond, est une gêneuse qu'il faut gifler. « Mariage pour tous, mais pas pour les noirs » dit le film. T'inquiète va, on avait compris... Christian Clavier nous avait déjà habitués à ce genre d'offensive. Depuis On ne choisit pas sa famille, militant pour l'adoption par les couples homosexuels, le brave homme s'attend probablement à être médaillé par l'histoire.

Philippe Chauveron, quant à lui, assure dans son dossier de presse que la peinture est fidèle, il l'a vécue lui-même dans sa famille. La belle affaire ! Quelle objectivité doit-on attendre de quelqu'un qui se vante d'avoir refusé de faire sa première communion ?

Mais mon brave petit Philou, laisse donc parler de catholicisme les gens qui y connaissent quelque chose ! Crois-tu vraiment que cette famille dans laquelle les filles ne sont pas pratiquantes, les parents envisagent le divorce, font preuve de racisme et mentent à leurs enfants soit authentiquement catholique ? Non, ce n'est pas ton credo en carton qui résonne dans les clochers de France ! Quand la caricature se déguise en faits, quand l'exception est maquillée en généralité, n'est-ce pas un comble d'en appeler à la tolérance ?

Tolérance, j'écris ton nom sur le mur des condamnés ! Tu es depuis les débuts de l'humanité tellement invoquée pour justifier ton contraire, tu es depuis toujours le faire-valoir des assassins ! N'est-ce pas déjà toi qui couvrais de ton aile soyeuse les massacres perpétrés en ton nom par la Révolution française ?

Au milieu des flaques de sang, un clin d’œil de l'histoire dont il faut savoir rire, car la tolérance n'est étymologiquement rien d'autre que supporter le mal. Alors s'il faut tolérer le juif, l'arabe, le chinois et le noir, est-ce parce qu'ils sont des maux ? La pensée ayant été exclue de notre monde à grands coups de pompes dans le train, les défenseurs de l'idéologie sont si médiocres qu'ils se tirent une balle dans le pied.

Et de tout cela ils ont fait une comédie aux ressorts cassés. Quelques situations drôlatiques certes, mais un jeu d'acteurs sans beaucoup de relief, une réalisation sobre, on est en terrain plat. Une seule chose parvient à sauver le film du néant : l'excellent duo que forment dans la seconde partie du film Christian Clavier et le sympathique Pascal N'Zonzi et qui arrive à nous faire oublier quelques courts instants les morsures de la caricature.