Real Steel

Film : Real Steel (2011)

Réalisateur : Shawn Levy

Acteurs : Hugh Jackman (Charlie Kenton), Dakota Goyo (Max Kenton), Evangeline Lilly (Bailey Tallet, Anthony Mackie (Finn)

Durée : 02:07:00


Un film d'anticipation centré sur la relation père/fils et les combats de robots, qui parvient malgré tout à maintenir l'attention de ceux qui ne sont ni amateurs de combat de robots, ni américains, sacrée gageure !

Quoi de mieux, après une journée où votre patron vous a cassé la tête un million de fois, que d'aller voir deux robots d'une demi-tonne en acier trempé se mettre sur la tronche ? C'est en tout cas ce que devraient penser les américains des années 2050, du moins si Steven Spielberg et ses copains ont des dons de voyance.

Dans des combats dont certains feront pâlir de rage les nobles successeurs de notre Brigitte Bardot nationale (un robot contre un taureau ? Non mais, avouez qu'il faut être barré !), les robots de tout poil, ou plutôt de tout métal, devraient s'affronter dans de sanglants ou plutôt huileux
combats de ferraille. Hugh Jackman qui, décidément, aime l'acier depuis la série des X-mens et dérivés, est un de ces entraîneurs de machine à broyer. J’ai aussi beaucoup aimé le contexte de l’histoire. J’ai été fasciné par ces robots boxeurs. « L’idée de ce futur proche et de l’évolution de ce sport est très plausible, raconte l'acteur. Dans cet univers à part, le parcours de cet outsider qui tente de s’en sortir m’a vraiment ému. C’était aussi un projet différent de tout ce que j’avais fait auparavant. Travailler avec Shawn Levy est simple parce qu’il est toujours positif, plein d’énergie et drôle. Ce tournage a été l’un des plus agréables et des plus stimulants de toute ma carrière. »

style="margin-bottom: 0cm;">Évidemment, « entraîneur » est un bien grand mot au début du film, mais figurez-vous qu'il va vraiment le devenir puisque le robot de son fils, aussi mignon qu'une grosse moissonneuse-batteuse avec deux yeux de bébé écureuil, a la capacité, matérialisée à l'écran grâce au système très sophistiqué emprunté pour la circonstance à Avatar, de reproduire les mouvements humains à la perfection (pour les « geeks » de la mythologie Real Steel, il s'agit du mode « Shadow », qui permettrait même à votre téléphone de danser la lambada tout en vous servant un café, si nos programmeurs de 2010 n'étaient pas si nuls...). Le producteur Don Murphy revient sur ce mimétisme : « l’équipe a su créer des
personnages complexes. Évidemment ce ne sont pas des êtres humains, mais ils doivent avoir suffisamment de personnalité pour que le public puisse les identifier, les apprécier et se soucier de ce qui leur arrive. »

Là, on relèvera une ambiguïté : on ne sait pas trop si ce robot extraordinaire, qui sort de son KO quand il entend la voix du petit garçon et se regarde dans une glace aussi longtemps que Cameron Diaz au réveil, est doué d'une personnalité. La production s'est frottée à un dilemme : ou bien le film était d'« anticipation proche, » auquel cas on sait très bien que, même dans quelques années, les robots ne seront pas autonomes, soit il s'agissait d'un film de science-fiction (même si on sait pertinemment que les robots ne seront jamais libres évidemment), auquel cas il fallait pr&
ecirc;ter au décor un habillage beaucoup moins proche de notre époque. C'est clairement la première solution qui a été choisie. « C’est un univers « rétro-futuriste », développe le réalisateur, une combinaison entre l’iconographie rétro d’une Amérique d’antan et d’un futur nécessaire pour que ce sport existe. On est loin du futur tel qu’on le représente généralement au cinéma, qui est souvent gris métallique. Nous sommes ici dans un avenir très coloré, dans une palette saturée, mais la lumière y paraît toujours naturelle. »

En bref, on n'a pas le droit à une histoire dans laquelle les robots humanoïdes ne font rien que de nous énerver avec leur science (d'ailleurs que ferions-nous de nos énarques, si la science sans
conscience devenait robotique ?!). Non. Les robots sont juste de puissants combattants à la conscience pas franchement lumineuse. Fallait-il faire des robots réels, ou faire jouer les acteurs dans le vide et rajouter les images de synthèse par la suite ? Shawn Levy a opté pour un mélange des deux : « Steven Spielberg m’a expliqué que sur Jurassic Park, le fait d’avoir fait construire des dinosaures animatroniques grandeur nature avait apporté une authenticité du jeu impossible à obtenir par rapport à une créature virtuelle. Il nous a conseillé de construire certains des robots en vrai. On en a fabriqué quatre à l’échelle. C’était un conseil précieux qui a mis les comédiens en situation de donner encore plus de vérité et d’émotions. Les comédiens jouaient avec de vrais robots. »
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Hugh Jackman alias Charlie est un ancien boxeur talentueux qui va, grâce à l'obstination de son fils, apprendre au robot des postures humaines de boxe et le diriger via un logiciel de reconnaissance vocale. Cette machine adoptera de ce fait un style d'un genre nouveau, qui mettra en péril les robots les plus grands et les plus avancés technologiquement, dont le formidable Zeus, idole du public, qui broient les robots plus vite qu'un mixer explose une motte de beurre (pas congelée en plus !).

Pour autant la phrase importante du paragraphe précédent était «  grâce à l'obstination de son fils », car le film s'essouffle à recréer une histoire entre un petit garçon en manque de reconnaissance et son abruti de père, dont la fibre paternelle c&
egrave;de franchement le pas au profit de la fibre robotique.

Charlie apprend en effet que sa femme, fraîchement décédée, lui a laissé un fils qu'il n'a jamais vu. Cette nouvelle n'est pas pour le réjouir. Il décide donc de céder son droit de garde à sa riche belle-sœur afin de continuer tranquillement à se faire taper par ses créanciers. Mais tout ne se passe pas comme prévu, ce qui le force à rester avec son enfant quelques mois supplémentaires.

C'est là que la magie opère ! Le garnement n'a pas sa langue dans sa poche, suit ses idées comme un wagon sa locomotive et ne se prive pas de faire payer son inconséquence à son père. Petit à petit, par le truchement des broyeurs de tôle, le rapprochement se fait, lentement mais sûrement. Shawn Levy se croit même original&
nbsp;: « Steven Spielberg et Stacey Snider m’ont appelé pour me parler de cet excellent concept. Bien sûr, j’étais très flatté, et en découvrant le scénario, j’ai tout de suite senti la superbe histoire d’un père et de son fils qu’il était possible de raconter à travers le sport. Cela m’a motivé et inspiré. »

« Classique ! » me direz-vous ! Bah oui... Classique... Trop classique... Un peu ennuyeux de classicisme, même... « Nous avons été ravis de travailler avec Shawn Levy, explique Stacy Snider, et nous pensons qu’il s’est réellement surpassé pour ce film. Real Steel apporte quelque chose de neuf au paysage cinématographique. » >Hum, oui... Question de point de vue...

Dès lors, tout dépend de ses ambitions. Ou bien on paye sa place pour voir des robots se casser entre eux, ou bien on s'abstient.

Rien sur l'intelligence des concepteurs de la robotique, rien sur les techniques de boxe, rien de profond sur une relation père-fils, aucune relation sentimentale fouillée... On reste sur sa faim...