The Riot Club

Film : The Riot Club (2014)

Réalisateur : Lone Scherfig

Acteurs : Sam Claflin (Alistair Ryle), Max Irons (Miles Richards), Douglas Booth (Harry Villiers), Sam Reid (Hugo Fraser-Tyrwhitt)

Durée : 01:46:00


A Oxford, les étudiants d’exception sont... comme les autres. Enfin, si on considère que chaque étudiant est forcément un boit-sans-soif sans respect aucun de quoi que ce soit. Les frasques post-pubères estudiantines sont de plus en plus l’objet de films, La Crème de la Crème chez nous, The Riot Club outre-manche. 

 

Malheureusement, lorsque l’on veut montrer les débauches de ces petits monstres pourris gâtés (je cite), s’il s’agit d’Oxford, on se doit d’élever le phrasage, le vocabulaire, le niveau de conversation, ainsi que la tronche de nos gais lurons. Or, les dialogues montrent leur faiblesse. La virtuosité des dialogues d’un film comme The Social Network reflétait parfaitement l’esprit éveillé, vif, de ce qu’on imagine au moins d’un élève d’Harvard. Ici, on parle de filles, de s’amuser, de boire, d’orgies, de fesses, d’alcool, de filles aussi… et le tout, avec fort peu d’apparat. Les efforts existent, mais deviennent vains chez la moitié de la ribambelle, plus choisis pour leur tête de mannequins que pour leur Q.I. visible sur leurs traits. C’était justement le cas d’un Jesse Eisenberg, dans la peau de Zuckerberg, dans le film susnommé. Là, un type sur deux a plus l’air de faire des études d’esthéticienne qu’Oxford… 

 

Le propos se révèle également maladroit pour condamner les jeunots. Infâmes, irrespectueux, sans cœur, inconscients, hautains… Pourquoi pas ? Moi-même étudiant, j’abhorre ce genre de soirées arrosées devenues des rites, où le plus bestial est couronné. Mais terminer l’accusation de leurs déboires par un petit manichéisme pauvres vs riches déçoit. De quelques réflexions justes, on part sur la caricature. On a compris le message : vous avez du fric, vous êtes privilégiés, vous vous en sortirez toujours, sales gosses pistonnés. Un poil rageux, comme discours. 

 

Ensuite, il ne faut pas trouver le film infâme lui-même parce qu’il montre ces déboires. The Riot Club est une charge contre ces traditions d’étudiants qui pensent à s’amuser au détriment de tout, des autres, d’eux-mêmes. Nous avons affaire à une condamnation du puéril hédonisme qui fait de ceux destinés à devenir les plus grands de vulgaires voyous. 

Complètement d’accord, simplement, pour accuser l’horreur, comme souvent au cinéma ces derniers temps, on montre, crument, sans suggestion, sans pudeur. Est-ce le dernier moyen de faire réagir le spectateur, habitué à voir pire ? Chacun sa méthode, le fait est que ce tour (imparfait en plus) dans les couloirs d’une intrigante sauvagerie a de quoi donner la nausée. Tout nous est servi, et ce « tout » sent la charogne, croyez-moi. On se sent presque agressé soi-même par leurs méfaits. Objectif atteint ! Mais faudra pas se plaindre à la sortie, car vous voilà prévenus…

 

La bonne réalisation, photo et montage surtout (deux très longues scènes en huit clos, il faut être bon pour tenir en haleine avec une telle fixité), ne rattrape pas vraiment cette virée dans le vomi estudiantin… Il est d’autres condamnations, pas plus saines, mais plus intéressantes : vous me demanderez par exemple, pourquoi aimer Nightcall qui se penche aussi sur une espèce ignorée de fous, et pas celui-là ? Peut-être parce que le fou en question est autrement plus captivant. Malgré le contexte d’Oxford, les étudiants mis en scène sont soit caricaturaux, soit plats. Entre un fou ordinaire, et des fils à papa, à vous de choisir, mais la psychologie du premier est en tout cas autrement plus cinématographique. Est là le handicap de The Riot Club : on est d’accord sur le propos (enfin relativement, en ce qui concerne la dialectique à deux sous), mais cela valait-il un film ?