Sissi

Film : Sissi (1955)

Réalisateur : Ernst Marischka

Acteurs : Romy Schneider (Sissi), Karlheinz Böhm (Empereur François-Joseph dit Franz), Magda Schneider (Duchesse Ludovika de Bavière), Uta Franz (Princess Helene in Bayern / Nene)

Durée : 01:42:00


Sissi, le premier volet d'une trilogie devenue un classique du cinéma continuera sans doute à faire rêver des générations d'enfants. Le travail est soigné, notamment pour la reconstitution des décors et des costumes : la vie de la cour, son décorum, ses cérémonies sont très bien rendus. Sans oublier les magnifiques paysages de Bavière et d’Autriche, souvent mis en valeur par des plans larges et que les personnages eux-mêmes ne manquent pas de vanter. Rajoutez le romantisme d'un mariage impérial et vous avez les ingrédients parfaits pour faire rêver la jeunesse.

Mais le film ne se réduit pas à cela, heureusement : c'est aussi un film rafraîchissant et drôle, grâce à la jeune Sissi candide et spontanée, à sa famille pleine de gaieté, aux gags orchestrés par les agents burlesques de sa majesté (dans la suite, le chef de la police se montre un peu trop collectionneur de femmes, ce qui peut être gênant pour les enfants mais facilement stigmatisable par les parents). Le jeu d'acteurs est convaincant tant pour Romy Schneider (qui fut révélée par ce film) que pour Karlheinz Böhm interprétant l'Empereur. La mère de Sissi jouée par Magda Schneider, la propre mère de Romy, est bien campée dans son rôle. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois et ce ne sera pas la dernière que le réalisateur Ernst Marischka travaille avec la mère et la fille et toujours dans le même genre de films (Mam'zelle Cricri, Les jeunes années d'une reine).

Mais le rêve du prince charmant dont parle la mère de Sissi est finalement plutôt démenti : Sissi elle-même se doute des difficultés qu'elle rencontrera pour adapter son tempérament espiègle à l'étiquette de la cour, et la suite de la trilogie le montre bien. L’Empereur avoue aussi que l'épouser n'est pas forcément le plus beau cadeau car les responsabilités abondent. Sa personnalité est à ce titre exemplaire, et l'image du chef est très bien rendue : alliant la force et la bonté, Franz est conscient de son devoir et l'assume. Le respect qu'il témoigne à sa mère malgré certains désaccords contribue lui aussi à forger un modèle. Quant à la famille de Sissi, elle respire la bonne humeur, et constitue un refuge pour Sissi, même si cela se voit surtout dans la suite. L'ensemble repose sur un esprit de famille qui fait chaud au cœur, les liens familiaux ne se défont ni sous l'effet du temps ni sous l'effet de l'éloignement. Et ce qui aurait pu donner lieu à une querelle entre les deux sœurs est bien géré et rend témoignage de l'amour fraternel.

A ce propos, le personnage d'Hélène, la sœur de Sissi, mérite qu'on s'y attarde… Elle est insignifiante dit l'Empereur, elle est niaise, disent certains spectateurs… Mais songeons à l'humiliation qu'elle subit et qu'elle affronte avec dignité, songeons à l'absence de rancune qu'elle a envers sa sœur… Quelle jeune femme sans personnalité serait capable d'avoir un tel contrôle sur ses émotions ? C'est peut-être l'occasion de réfléchir avec les jeunes sur la notion plutôt moderne « d'avoir du caractère », « d'avoir de la personnalité », qu'ils assimilent souvent à de l'impertinence, de l'insoumission, voire du caprice ce qui est tout le contraire de la force puisque c'est céder à toutes ses émotions.

L'histoire d'amour est tout de même traitée rapidement et le mariage se décide bien vite, c'est que Franz est pressé par son devoir et doit se choisir une épouse en quelques jours, comme il le dit si bien, un roi ne s'appartient pas. Le coup de foudre est quand même à l'honneur, ce qui n'est pas forcément un exemple pour la jeunesse, mais la suite du film montre bien que le romantisme ne fait pas forcément le bonheur.