Sonate d'automne

Film : Sonate d'automne (1978)

Réalisateur : Ingmar Bergman

Acteurs : Liv Ullmann (Eva), Ingrid Bergman (Charlotte), Erland Josephson (Josef), Lena Nyman (Helena)

Durée : 01:37:00


Sonate d'automne n'est pas, disons-le tout de suite, l'histoire d'une héroïne sexy repoussant des attaques venimeuses de Zörgs baveux venant de la galaxie pour asservir la terre. L'intérêt n'est donc pas dans les « splashs, » « boums, » « scratchs » et les collants moulants.
Pourtant c'est bien une histoire explosive qu'Ingmar et Ingrid Bergman (qui n'ont, rappelons-le, aucun lien de parenté) ont voulu mettre en scène (avec moults divergences puisque le réalisateur et l'actrice n'étaient absolument pas d'accord sur la consistance du personnage de la mère).

Préfigurant peut-être quelques oeuvres de Chatillez ou de Ozon, la pellicule affiche dans un premier temps une fille aimante qui invite une mère qu'elle n'a pas vue depuis sept ans. Une fois passées les retrouvailles pleines d'effusion, c'est un prélude de Chopin joué par les deux femmes qui va révéler l'anguille sous la roche. Éva le joue avec un doigté triste et sentimental, tandis que sa mère l'engage avec passion et une petite dissonance excellemment bien maîtrisée. Tout est là... La finesse de la réalisation d'abord (combien de spectateurs seraient aujourd'hui capables de voir briller les trésors humains enfouis sous quelques notes de piano ?), l'excellence de l'interprétation ensuite (qui rapportera aux deux femmes le prix de la meilleure actrice étrangère pour le Prix David di Donatello en 1979, et pour Ingrid Bergman ceux du National Board of Review en 1978, de la National Society of Film Critics en 1979 et du New York Film Critics Circle en 1978), la richesse du film enfin, broyant dans l'affrontement les deux personnages secondaires mais indispensables que sont la jeune Héléna, handicapée, et le mari d'Éva, noble, courageux et résigné.

Sitôt passée la froideur des paysages et des décors bergmaniens, sitôt surmontée la perplexité des esprits clairs et droits face à la psychologie tourmentée des deux biches blessées, le spectateur pourra donc vibrer sur les scènes poignantes d'une jeune handicapée qui souffre de ne pouvoir exister, sur une réalisation lente mais léchée affectionnant entre mille choses des sous-cadres que Brecht n'aurait pas renié.
Toute les familles portent des blessures secrètes, et celle-ci est l'occasion pour chacun d'entre nous d'apprendre à se remettre en cause, à comprendre puis à pardonner. Finalement, une fois de plus, il s'agit de l'histoire d'une souffrance purificatrice et même, osons le mot, rédemptrice.