Soupçons

Film : Soupçons (1941)

Réalisateur : Alfred Hitchcock

Acteurs : Gary Grant (Johnnie), Joan Fontaine (Lina), Cedric Hardwicke (Le général McLaidlaw), Nigel Bruce (Gordon Cochrane Thwaite), dame May Whitty (Martha McLaidlaw), Isabel Jeans (Madame Newsham) .

Durée : 01:39:00


Un an après la sortie de « Rebecca » (1940) qui fit un triomphe et reçu l’Oscar du meilleur film, le grand Hitchcock présente cette nouvelle œuvre, tirée du livre de Francis Iles, aussi brillante que les autres. Entre les mains de ce scénariste hors pair les thèmes les plus simples et les drames domestiques les plus mesquins deviennent une enquête captivante où se mêlent tendresse, suspense, ironie, humour et suspicions ! Le tout est joué par le génial et élégant Gary Grant (qui sera l’acteur fétiche d’Hitchcock) et par la délicate Joan Fontaine (qui recevra l’Oscar de la meilleure actrice à cette occasion). Son visage pur et fin traduit à merveille le combat intérieur d’une femme victime de son imagination. Ce film est considéré par Bill Krohn (auteur de Hitchcock au travail) comme « l’un des meilleurs films » qui porte en lui tout le talentueux génie du maître. Pourtant il ne fait pas parti de ses chefs-d’œuvre et il reste méconnu. Hitchcock veut surtout filmer la pensée, le drame psychologique  voire même teinté de freudisme, se développe discrètement, à huis clos, à partir d’un rien. Bill Krohn conseille de ne « jamais sous-estimer Hitchcock » qui a l’art et la manière de transformer le moindre détail en angoissant suspense.

L’épisode du verre de lait par exemple, anodin en soi, fait naître chez Lina la certitude que sa vie est menacée. A noter entre autre l’ampoule cachée dans ce verre qui fait ressortir de façon inquiétante la blancheur du breuvage dans l’obscurité de la chambre. En revanche les transitions lumineuses entre les scènes trahissent une mauvaise gestion des projecteurs.

Hitchcock développe le thème de la vie de couple avec brio. La tendresse, le respect et la confiance sont les bases d’une relation saine et durable, et dès lors que la suspicion et le mensonge s’installent, la communication se brise : « Tu as fermé ton cœur, comme nous étions loin l’un de l’autre ! » Lina, épouse dévouée et aimante, veut aider son mari à « surmonter ses faiblesses » et celui-ci renonce au suicide, qui n’est qu’une « dérobade », pour affronter ses responsabilités.

Une belle réflexion sur le couple poussée très loin par Hitchcock qui façonne un drame angoissant à partir d’un malentendu !