Suicide Squad

Film : Suicide Squad (2016)

Réalisateur : David Ayer

Acteurs : Will Smith (Floyd Lawton / Deadshot), Jared Leto (Le Joker), Margot Robbie (Dr. Harleen Quinzel / Harley Quinn), Joel Kinnaman (Rick Flag)

Durée : 02:10:00


Dans la grande course à l’argent des studios américains, les super-héros sont depuis dix ans les sprinters les plus efficaces et les plus mis à contribution. En s’appropriant la mise à l’écran de l’univers Marvel, Disney a non-seulement cocouné la poule aux œufs d’or, mais a relevé le défi de quelques bons films (Iron Man, Avengers, Captain America II). De son coté, DC Comics, son concurrent historique, a toujours peiné à faire produire ses films, et une fois ceux-ci produits, à en faire des succès : hormis le passage remarqué de Christopher Nolan dans les bureaux de DC — qui aboutit à la géniale trilogie Dark Knight — rien de transcendant depuis 30 ans… Il faut cependant préciser la principale divergence d’esprit entre Marvel et DC. D’un coté on préconise l’humour gentil, un certain réalisme et l’attachement à des personnages identifiables ; de l’autre on vise le sombre, le loufoque, l’absurde et tout ce qu’on pourrait qualifier de dérangé. Ainsi Marvel n’éprouvera aucune peine à vendre son film aux petits garçons fascinés, aux adolescents amusés ainsi qu’aux parents étonnés de se prendre au jeu, mais DC ne sera jamais parvenu à retranscrire à l’écran l’ambiance si singulière de ses bandes dessinées, laissant forcément des fans déçus, ou des novices choqués.

 

C’est dans ce contexte de défaite imminente que les patrons de DC ont décidé de lancer une immense offensive contre Marvel en annonçant pléthore de films pour la décennie à venir, en tête desquels Batman vs Superman, suivi de Suicide Squad : deux éclaireurs à très fort potentiel, chargés de créer une fan base et d’annoncer la couleur pour leurs successeurs… (doux Jésus)

 

Après le bide du premier… le bide du second. Ils avaient essayé de corriger leurs erreurs, mais tout tombe à plat. En assumant à fond l’ambiance malsaine et loufoque de cette « équipée suicide », ils virent au malsain. Et la gêne règne en maitre dans tout le métrage. On ne trouve jamais le rire jouissif et honteux que Quentin Tarantino, par exemple, sait déclencher dans les pires situations. Les scènes d’actions, nombreuses et interminables, ne savent jamais ni nous surprendre ni nous émerveiller : aucune cascade, aucun plan iconique, aucun geste de bravoure… Il se passe une multitude de choses sous nos yeux ; et l’on s’ennuie.

 

Cela s’explique aussi par le manque d’élan du film qui, très mal rythmé, n’offre de surcroît aucune identification aux personnages. Malgré une très lourde et interminable exposition catalogue, après quarante-cinq minutes de film et trois consultations de ma montre, j’étais incapable de décrire les personnages, ni leurs motivations personnelles, ni leurs objectifs… ils ne sont que les pantins d’un scénario artificiel, sans logique ni énergie interne.

 

La bande annonce et la sélection musicale annonçaient le film le plus cool de l’été : à grand renfort de violence jubilatoire, de punchlines mythiques et de séquences musicales iconiques. On récolte 2h10 d’ennui en barre indigeste, sans aucun propos. Un film qu’on oublie alors même qu’on le regarde.