Le Bon Sauvage, éternel Père la morale
Immigré en Angleterre, Tarzan doit revenir au pays chasser ceux qui voulaient immigrer chez lui.
Le mythe du Bon Sauvage est devenu un produit de consommation. Rythmée, dynamique, la dernière adaptation de la légende de Tarzan ne se paie techniquement pas notre tête. De beaux héros, des lianes interminables faisant voltiger bêtes et homme, et le grand méchant, campé par un Christoph Waltz inspiré, étranglant ses ennemis à l’aide de… de son chapelet. Rien d’incohérent, croyez-le. Car derrière les effets pyrotechniques, il y a une pensée.
Fruit de l’imagination du romancier américain Edgar Rice Burroughs en 1912, Tarzan est avant tout une nouvelle confrontation entre le « Bon Sauvage » et le colon, entre le droit naturel, idéalisé depuis les Grandes découvertes, et le droit culturel, diabolisé depuis le siècle des Lumières.
La civilisation, ce vieux cancer
L’idéologie se nourrit toujours du mythe, et non de l’Histoire, et Tarzan n’y fait pas exception. Le mythe sert de condamnation manichéenne de la vieille Europe, appelée à l’auto-flagellation permanente. Mal placés pour faire la leçon, les auteurs américains du film se frappent à leur tour la poitrine à propos des Indiens. Ajoutons une salve hors-sujet et anachronique envers l’Église, et accablons les Belges, inoffensif public, en leur jetant l’anathème d’esclavagistes, et le tour est joué. La « séance de colère », pour reprendre Philippe Muray, a eu lieu. Quel dommage : le parfum des colonies a souvent produit des monuments du cinéma, et on croyait le ressentir, quelques instants.
Certes, on pourrait dire que le mal est partout, qu’il y a bien eu des crapules un chapelet à la main ; mais ici, chaque personnage est un cliché symbolisant des idées : la civilisation, la culture, les villes, la religion d’un côté, la nature, les animaux, les plantes vertes de l’autre, soigneusement séparés dans une guerre créée de toutes pièces.
Sache, vieille Europe coupable, nous dit-on, que la nature se porte mieux sans l’homme, qui comme chacun sait, est pilleur, dévastateur, pollueur, etc. Burroughs s’était vu reprocher, à l’époque, de caricaturer. En cela seulement, l’adaptation demeure parfaitement fidèle.
Le divertissement, en somme, demeure, mais la leçon de morale commence à dater. Et si l’on distinguait à nouveau le mythe de l’Histoire ? Pour cette période, ce n’est pas gagné.
Finalement, un spectacle Grand-Guignol, dont la bestiale bêtise gâche la mise à jour technique enlevée.
Le Bon Sauvage, éternel Père la morale
Immigré en Angleterre, Tarzan doit revenir au pays chasser ceux qui voulaient immigrer chez lui.
Le mythe du Bon Sauvage est devenu un produit de consommation. Rythmée, dynamique, la dernière adaptation de la légende de Tarzan ne se paie techniquement pas notre tête. De beaux héros, des lianes interminables faisant voltiger bêtes et homme, et le grand méchant, campé par un Christoph Waltz inspiré, étranglant ses ennemis à l’aide de… de son chapelet. Rien d’incohérent, croyez-le. Car derrière les effets pyrotechniques, il y a une pensée.
Fruit de l’imagination du romancier américain Edgar Rice Burroughs en 1912, Tarzan est avant tout une nouvelle confrontation entre le « Bon Sauvage » et le colon, entre le droit naturel, idéalisé depuis les Grandes découvertes, et le droit culturel, diabolisé depuis le siècle des Lumières.
La civilisation, ce vieux cancer
L’idéologie se nourrit toujours du mythe, et non de l’Histoire, et Tarzan n’y fait pas exception. Le mythe sert de condamnation manichéenne de la vieille Europe, appelée à l’auto-flagellation permanente. Mal placés pour faire la leçon, les auteurs américains du film se frappent à leur tour la poitrine à propos des Indiens. Ajoutons une salve hors-sujet et anachronique envers l’Église, et accablons les Belges, inoffensif public, en leur jetant l’anathème d’esclavagistes, et le tour est joué. La « séance de colère », pour reprendre Philippe Muray, a eu lieu. Quel dommage : le parfum des colonies a souvent produit des monuments du cinéma, et on croyait le ressentir, quelques instants.
Certes, on pourrait dire que le mal est partout, qu’il y a bien eu des crapules un chapelet à la main ; mais ici, chaque personnage est un cliché symbolisant des idées : la civilisation, la culture, les villes, la religion d’un côté, la nature, les animaux, les plantes vertes de l’autre, soigneusement séparés dans une guerre créée de toutes pièces.
Sache, vieille Europe coupable, nous dit-on, que la nature se porte mieux sans l’homme, qui comme chacun sait, est pilleur, dévastateur, pollueur, etc. Burroughs s’était vu reprocher, à l’époque, de caricaturer. En cela seulement, l’adaptation demeure parfaitement fidèle.
Le divertissement, en somme, demeure, mais la leçon de morale commence à dater. Et si l’on distinguait à nouveau le mythe de l’Histoire ? Pour cette période, ce n’est pas gagné.
Finalement, un spectacle Grand-Guignol, dont la bestiale bêtise gâche la mise à jour technique enlevée.