Un divorce avec l'intelligence

Film : Jusqu'à la garde (2018)

Réalisateur : Xavier Legrand

Acteurs : Denis Ménochet (Antoine Besson), Léa Drucker (Miriam Besson), Mathilde Auneveux (Joséphine Besson), Florence Janas (Sylvia), Thomas Gioria (Julien Besson), Mathieu Saikaly (Samuel), Saadia Bentaïeb (...

Durée : 1h 30m


Téléfilm égaré sur le grand écran, Jusqu'à la garde évoque opportunément le thème d'actualité concernant les violences conjuguales et les enfants co-victimes de ces violences. Flanqué d'une réalisation de très basse qualité signée Xavier Legrand (débutant), le scénario ne parvient jamais à décoller, sans doute parce que le jeune réalisateur croit que les images parlent d'elles-mêmes et qu'elles ne requièrent pas sa propre interprétation. Ainsi comme l'insipide Dheepan de Jacques Audiard (2015, Palme d'or à Cannes), qui abordait de façon aussi peureuse la question des migrants, Jusqu'à la garde se voit couronné du Lion d'Or du Festival de Venise.

Ce n'est pourtant pas un film. On le prouve par la manière absolument passive qu'a le scénario d'infliger au spectateur ce faux docu-fiction en subissant sa propre histoire plus qu'en ne l'écrivant, et aussi par la manière qu'il a de montrer tour à tour une série de victimes sans rechercher un instant la cause de ce qui arrive. L'épouse est victime de son mari décérébré, les enfants servent de balle de ping-pong entre les deux, et le mari est quant à lui victime de sa passion vagabonde, qu'il ne cherche pas un seul instant à évaluer, tout comme l'amour incapable et frustré qu'il ressent pour ses enfants. Point final. Ca fait bien maigre pour un 90 min !

Au final tout le monde est victime, et tout le monde est frustré, surtout le spectateur, à cause de cet OFNI (objet filmique non-identifié) irréfléchi qui ne dépasse pas la première phase de l'écriture scénaristique (l'assemblage d'idées précaires) et ne remonte pas aux causes, pas plus qu'il ne recherche de finalité. Il est l'expression d'une philosophie fataliste oublieuse du sens de la vie et ne faisant que constater les dégâts d'une nature humaine, dont il ne parvient pour ainsi dire jamais à cerner les raisons de la faiblesse et de la malice. Et si le tout n'était pas enrobé dans une mise en scène discount,  des dialogues insipides et des décors inexpressifs choisis au hasard, on pourrait se consoler en rapprochant ce "truc" du style documentaire. Mais non, le tout est si mal ficelé qu'il n'appartient à aucun genre, si ce n'est le brouillon ! Le titre lui-même est sans rapport avec le contenu du film puisque 99%  se passe après la décision d'attribution de la garde des enfants ! 

Mais j'en ai dit assez sur ce navet qui n'aurait jamais dû voir le jour tel quel. Economisez votre argent, n'allez pas voir cet affreux OFNI !