Un film SUR Noël, mais ni DE Noël ni familial

Film : Fantômes en fête (1988)

Réalisateur : Richard Donner

Acteurs : Bill Murray (Francis Xavier Cross), Karen Allen (Claire Phillips), John Forsythe (Lew Hayward), Bobcat Goldthwait (Eliot Loudermilk), Carol Kane (Ghost of Christmas Present), Robert Mitchum (Grace...

Durée : 1h 41m


C’est toujours la même chose avec Hollywood : on prend un chef-d’œuvre de la littérature, en l’occurrence Chant de Noël de Dickens, et on décide de le porter au cinéma. Intention louable, comme toutes celles qui pavent l’enfer, qui donne au mieux un succédané sympa-mais-sans-plus (à ce jour seul Peter Jackson et sa trilogie du Seigneur des Anneaux ont réussi à faire exception, me semble-t-il), au pire une odieuse trahison. Mais si en plus on décide d’adapter l’histoire originale dans un autre contexte (époque moderne, pays ou culture différents), le désastre est rarement loin, les écueils principaux étant le mauvais goût et la double trahison de l’histoire (la fin tragique qui devient un happy end, par exemple) ou du sens (le livre de la Bible qui devient une ode à la liberté individuelle). Dans ce dernier cas, il ne reste bien souvent que le jeu des acteurs pour sauver le spectacle du naufrage…

Fantômes en fête, c’est un peu tout ça à la fois, hormis la trahison du sens, car il est difficile d’imaginer un « chant de Noël » où le méchant héros ne devient pas gentil à la fin. Certes, Bill Murray est très bon, même s’il en fait un peu des tonnes par moment, et de surcroît il est entouré d’une pléiade de bons acteurs, tels Karen Allen, au sourire lumineux, Robert Mitchum, John Forsythe et même Lee Majors himself. Ce dernier nom ne vous dit rien ? C’est sans doute que vous avez moins de 40 ans, et que la série L’homme qui valait trois milliards ne passait déjà plus à l’écran quand vous dévoriez les séries…

Certes aussi, l’histoire est bien respectée, avec les quatre esprits, l’ancien associé et les trois fantômes du passé, du présent et du futur. On pourrait discuter sur le sens, car tandis que Chant de Noël dénonçait l’avarice, Fantômes en fête s’attaque à l’ambition effrénée à travers le personnage d’un carriériste de la télévision.

Là est le problème : à vouloir adapter ce classique de Dickens à l’époque présente, et au milieu de la télévision, Donner n’échappe pas au mauvais goût : les fantômes sont laids à faire peur, les gags sont trop souvent faciles. La fin est à la limite du détournement de sens, car certes notre ambitieux joué par Murray sacrifie sa carrière (et le dit) pour revenir à des sentiments plus humains, mais une fête-grand-n’importe-quoi filmée en direct le soir de Noël était-elle le meilleur moyen de l’exprimer ?

En conclusion, si vous avez le rire facile, vous pouvez voir ce film et même l’apprécier, mais la laideur des fantômes réserveront ce numéro burlesque et déjanté à un public adulte et averti. Amateurs de films de Noël familiaux, zappez votre chemin !