Un monstre à Paris

Film : Un monstre à Paris (2011)

Réalisateur : Eric Bergeron

Acteurs : Vanessa Paradis (Lucille), Mathieu Chédid (Francœur), Gad Elmaleh (Raoul), François Cluzet (Le préfet Maynott)

Durée : 01:22:00


Une bonne surprise, qui s'appuie fortement sur un côté musical réussi (bien que les paroles soient souvent en reste), mettant en scène un monstre à l'origine improbable mais qui s'avère charmant, ainsi que des personnages peu souvent caricaturaux qui ont tous leur rôle à jouer dans un ambiance souvent comique à laquelle l'incontournable Gad Elmaleh n'est pas étranger.

Un Monstre à Paris est un film d'animation réalisé par Éric « Bibo » Bergeron, réalisateur pour deux productions américaines, qui avait déjà travaillé auparavant sur Asterix chez les Bretons (1986, Pino Van Lamsveerde) entre autres.

Certains personnages bénéficient des voix des chanteurs Matthieu Chédid et Vanessa Paradis (qui interprète son rôle en Anglais également), dont ce n'est pas le premier doublage. L'humoriste Gad Elmaleh (Raoul), qui double Gru dans la version française de Moi, Moche et méchant, prêtera quant à lui sa voix au riche marchand Omar Ben Salaad dans Tintin et le secret de la licorne.

On peut remarquer tout au long de ce film une influence expressionniste (comme chez Tim Burton, mais bien moins marqué e cependant), surtout dans les images (angles, proportions, courbures). On voit par exemple dans les décors , comme le dit Eric Bergeron, « la patte de l'artiste », traduite par ces dessins si spécifiques. Ce dernier ne voulant pas faire un animé photo-ressemblant, les décors de fond apparaissent donc souvent comme des matte paintings. On peut également ressentir cette influence, bien que très finement, dans la musique (en dehors des chansons interprétées par Vanessa Paradis et M). L'expressionnisme est un mouvement artistique né principalement en Allemagne au début du XXème siècle, concernant entre autres genres le cinéma. Il traduit les pensées pessimistes que la menace de la guerre apporte à ses protagonistes, restituant la réalité sous un angle angoissant. Cette réalité est par ailleurs souvent dépeinte sous des formes agressives, la dé formant et la stylisant afin d'y apporter une plus grande intensité expressive.

Les personnages, surtout Francoeur (le monstre), offrent une bonne surprise de par leur cohérence, ce à quoi l'on ne s'attend pas vraiment dans un animé : Francoeur, par exemple, ne parle jamais, il s'exprime par des chansons, des mimiques : il garde, explique Mathieu Chédid, « un rapport animal à l'autre », mais en même temps, offre une nouvelle vision du monde et « donne des ailes à Lucille » . Le préfet, quant à lui, est une dénonciation de l'arrivisme politique, un peu grossière il est vrai, mais plutôt convaincante dans ses manières de faire (ce dernier utilise le monstre pour sa campagne électorale). Le personnage de Lucille (Vanessa Paradis) cache quant à lui un cœur doux sous une personnalit& eacute; ferme et un caractère bien trempé. Les personnages utilisent parfois des subtilités linguistiques, que l'on ne remarque pas forcément, (en dehors des gros jeux de mots de Raoul bien entendu) mais qui affirment encore plus leur personnalité ; l'une des plus flagrantes est celle du préfet (qui pourrait relever de la faute de conjugaison) associant diversion et divertissement entendant que divertir, c'est faire diversion en divertissant.

Passons à l'un des plus grands intérêts du film : les chansons. Bien que les paroles ne soient pas très travaillées, les mélodies sont en général agréables. On peut relever un bon point : une chanson est interprétée plusieurs fois dans l'animé, et celle-ci est à chaque fois améliorée, passant de banale (quoique jolie) à quelque chose de vraiment séduisant . Une vraie prise de risque, mais qui a payé.

Une bonne surprise, donc, pleine d'allusions et de clins d'œil (notamment à M lui-même), s'adressant aux petits comme aux grands, souvent comique et agrémentée de mélodies agréables.