Un Village presque parfait

Film : Un Village presque parfait (2013)

Réalisateur : Stéphane Meunier

Acteurs : Didier Bourdon (Germain), Lorànt Deutsch (Maxime), Lionnel Astier (Yvon), Denis Podalydès (Henri)

Durée : 01:38:00


L’Etat, les écolos, l’Europe, nouveaux oppresseurs du petit peuple, provincial, perdu dans la cambrousse. Franchement, je suis très tenté d’être d’accord. « Populiste », hurleront certains ! Il est vrai que le schéma des puissants laissant mourir les campagnes fait un peu simpliste, et en même temps, c’est loin d’être faux. Mais inutile de disserter pour savoir si cette comédie a raison ou non, le débat serait purement politique, et non cinématographique. Ce village, c’est l’endroit abandonné : abandonné par les instances politiques, dont l’église ne sert plus qu’aux réunions organisées par le maire des 120 habitants, sans curé, sans espoir, sans avenir. 

Une chose est sûre : si le film n’est pas des Inconnus, la plainte aussi mordante que touchante envers la classe dirigeante ressemble beaucoup à celle des Trois Frères (dans lequel on entendait « quand on perd ses parents, il n’existe pas de lois pour les ramener sur terre, par contre quand un gamin a la chance d’avoir son père et sa mère, ben là, il existe des lois pour les lui enlever »). On a le sentiment que Didier Bourdon, en maire sympathique, mais prêt aux bas mensonges pour sauver son bled, a mis son empreinte dans le scénario. Le fossé entre Paris et la province qui faisait la joie des comédies théâtrales chez Labiche par exemple reprend du service : ce fossé est non seulement culturel, mais politique, il est l’écart entre les Français lambda et l’élite. C’est en tout cas l’accusation qui passe à travers cette peinture rurale. 

Il n’y a pas que la politique, loin de là même, celle-ci est une critique de fond. Dans la forme, nous avons affaire à une comédie fondée sur le même schéma que Bienvenue chez les Ch’tis. Mais ce dernier ne portait pas de message de fond, si ce n’est, allez, qu’il ne faut pas s’arrêter aux préjugés. 

On rit bien du contraste entre les locaux et le petit médecin parisien, arrogant et méprisant au possible. Ce n’est certes pas très original, comme humour, mais la bande d’acteurs ici réunie y met suffisamment de relief pour que l’on s’amuse bien. Ceci étant dit, Un village presque parfait demeure plus touchant que drôle. 

On ira bien dire que la fin ne justifie pas les moyens : pour sauver son village, Monsieur le maire et sa clique emploient des moyens franchement immoraux, et le savent bien. Tout est bon pour retenir ce petit docteur, dont ils ont besoin pour ne pas mettre la clef sous la porte, même ses malheurs… Voilà le stade où l’autre devient un simple objet utile, et non une personne, le prochain. Au quotidien, une caissière, un vendeur, que sais-je encore. Ici, d’une façon plus approfondie, ce Parigot. 

Didier Bourdon et Laurent Deutsch face-à-face rivalisent d’authenticité et de comique. Et ils sont bien entourés (Louis Astier a vraiment un sixième sens pour dire « ta gueule !» de la plus belle façon qui soit). Loin d’être un spectacle hilarant, Un village presque parfait n’en reste pas moins une bonne comédie, rafraichissante et surtout, touchante.