Une méditation sur la rédemption de l'alcoolique

Film : Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot (2018)

Réalisateur : Gus Van Sant

Acteurs : Joaquin Phoenix (John Callahan), Jonah Hill (Donnie), Rooney Mara (Annu), Jack Black (Dexter), Mark Webber (Mike), Udo Kier (Hans), Carrie Brownstein (Suzanne), Beth Ditto (Reba), Kim Gordon (Corky...

Durée : 1h 53m


Don't Worry, He Won't Get Far On Foot ("T'inquiète, il n'ira pas très loin sur ses propres jambes") raconte l'histoire vraie du dessinateur John Callahan. Le projet de ce film vieux de 20 ans était à l'origine taillé pour Robin Williams, qui a suivi le destin que nous savons en 2014 (décès). Expérience de vie, ce dernier film de Gus van Sant reste exactement dans le même registre que le précédent (The See of Trees, 2015) : comment trouver le salut au milieu de la désorientation, suite à un événement majeur bouleversant sa vie ? Comment trouver la quête d'un absolu quand on a l'impression d'avoir perdu toutes ses chances ? Ce film raconte l'histoire d'un homme qui se retrouve handicapé suite à un accident idiot rencontré après une soirée d'ivresse entre amis. Le verre ou plutôt la bouteille de trop, et c'est toute une vie qui bascule dans l'insignifiance. Une grande partie du film se focalise alors sur l'errance de ce John Callahan (Joaquin Phoenix) et sur la cure de désintoxication qu'il suit pour s'en sortir. Malgré ses longueurs, le scénario est riche par la diversité des thèmes qu'il évoque, de la réminiscence du passé au besoin de vie sociale, en passant bien sûr par toutes les phases de l'addiction à la guérison.

Gus van Sant montre que l'homme ne peut pas espérer la rédemption en comptant sur ses seules forces. Ce qui le sauve procède d'une force "supérieure". Il introduit une nouvelle fois le thème spirituel par le biais d'un personnage charismatique animant un groupe de parole (Jonah Hill) qui aide John à sortir le nez des excuses qu'il se donne pour se complaire dans son malheur. Un véritable accouchement de l'esprit se produit alors en lui et lui offre l'occasion de revenir sur son passé pour connaître la raison de son addiction et la supprimer. Encore un thème cher à notre auteur, celui de la concommittence du passé avec le présent chez des personnages souvent bouleversés par la violence et la dureté de la vie. Loin de les condamner définitivement, la vie leur procure la chance de découvrir les talents cachés en eux. Ce sera pour John sa qualité de dessinateur hors pair. Le film se présente ainsi comme une méditation profonde sur la résurrection de l'homme. Elle passe bien sûr par le pardon, qui délivre le prochain de son indifférence autant que la personne qui se pardonne elle-même en acceptant de recevoir au fond de son coeur l'énergie qui pourra la libérer. Tout cependant ne ressemble pas à de la méditation, car l'auteur a voulu s'imprégner d'un certain réalisme et pousser l'observation de l'alcoolique jusque dans le flou de ses déboires, pour mieux faire ressortir l'impression de capture qui l'enserre parfois dans le désespoir. Il ne s'agit donc pas seulement de tenir sur ses "jambes" spirituelles pour aller plus loin !