Une nouvelle amie

Film : Une nouvelle amie (2014)

Réalisateur : François Ozon

Acteurs : Romain Duris (David/Virginia), Anaïs Demoustier (Claire), Raphaël Personnaz (Gilles), Isild Le Besco (Laura)

Durée : 01:47:00


Ce qu'il y a de bien, avec Ozon, c'est qu'on n'est pas surpris. Quand il pond un film, on sait qu'il va saloper quelque chose. Le tout est de savoir quoi…

Généralement (Huit femmes, Potiche, Dans la maison, etc.) son occupation favorite est d'uriner sur la famille traditionnelle. Sera-ce le cas ici ?

Hé oui ! Belote et rebelote… Mais avec un petit changement cette fois. En adaptant très librement la nouvelle de Ruth Rendell, il ne se contente pas de faire dire incidemment à Romain Duris qu'il se « masturbait en cours de catéchisme, » mais il fait une chose nouvelle et à peine orientée : brouiller la frontière entre les sexes ou, si vous préférez, mêler les genres !

En témoigne cette explication de François Ozon tirée du dossier de presse : « le film traverse des fantasmes que le spectateur partage ou pas, peu importe, car l’essentiel est de voir comment chacun accepte l’étrangeté de l’autre et trouve son identité, au-delà du genre, masculin ou féminin... Dans le scénario, à la fin, une voix off de Claire citait d’ailleurs ironiquement la fameuse phrase de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient. » »

Sacré François, bon petit soldat de l’existentialisme !

Puisque l'art est l'activité rendant une œuvre conforme à sa finalité, tout le talent artistique d'Ozon n'a plus qu'à s'ordonner à ce but : brouiller les frontières.

En l'occurrence, sa technique de prédilection est l'utilisation de plans rapprochés qui floutent les repères. Exemple : la caméra filme des pieds féminins et remonte sur les bas, la culotte en dentelle, le soutien-gorge et… C'est un homme en fait ! Ha ha ! Tu vois spectateur !? Ta lampe salace s'est allumée sur les jambes d'un homme ! Trouves-tu toujours cela dégoûtant maintenant ?

Ben oui… Personnellement ça m'agace prodigieusement. D'abord parce qu'Ozon se fout du monde, ensuite parce que l'air de chien battu qu'arbore Romain Duris pendant tout le film est extrêmement pénible…

À tous les veaux qui pensent encore que le cinéma n'est qu'un divertissement, il faut donc rappeler que ces scènes érotiques, ces sexes exhibés, ces intérieurs de boîte homo (où tout le monde s'aime tendrement d'un amour sincère et passionné, sorte d'alternative à l'hétérosexuelle formule « ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants ») ne sont que les canaux d'un message idéologique asséné de toute la violence cinématographique, avec une culture du contraste chère à Ozon (les crucifix sont très présents). « Je la trouve totalement crédible, naturelle » explique Romain Duris en parlant de la fin du film. « Elle est une réponse aux revendications des réfractaires au mariage pour tous... Ils peuvent penser ce qu’ils pensent et faire le nombre de manifs qu’ils veulent, on ne peut pas aller contre ces évolutions. La vie est dans ce mouvement de liberté et d’amour. »

Comme d'habitude, si vous n'aimez pas, vous êtes un salaud !

Au risque de faire plaisir à certains, il faut reconnaître que le cinéma est un danger (comme la littérature d'ailleurs), celui d'un monde construit intégralement par la main de l'homme, dans lequel on peut gommer et supprimer les aspects propres à la réalités.

Dans le film, des homosexuels épanouis et un homme qui aime se travestir, qui ne souffre que d'un monde qui le persécute, qui s'épanouit en étant habillé en femme.

Dans la réalité, j'avais un prof de droit homosexuel qui se vantait d'aimer faire l'amour déguisé en prêtre.

Heureusement, même en voulant montrer la chose sous son meilleur jour, le cinéaste n'échappe pas à la règle respectée par la quasi-totalité des films de ce genre : l'enfant n'est qu'un accessoire. Qui le garde lors des sorties de son père ? Peu importe… Même en essayant de nous faire croire que c'est pour son enfant qu'il se travestit (il fallait Ozon… euh pardon… oser !), le film se plante...

D'aucuns tergiversaient jusqu'à présent sur le sexe des anges. À présent l'angélisme veut que l'homme se libère de sa condition matérielle, de son enveloppe charnelle pour échapper à la question du sexe. Mais qui fait l'ange fait la bête, et l'homme qui se veut ange devient démon.

Je ne l'écris pas trop fort, Ozon serait capable d'aimer ça...