Vaiana, la légende du bout du monde

Film : Vaiana, la légende du bout du monde (2016)

Réalisateur : John Musker, Ron Clements

Acteurs :

Durée : 01:47:00


Pas facile de s'appeler Disney. Pas seulement à cause des oreilles de souris ridicules qu'on doit porter en toutes circonstances, mais surtout parce qu'au bout de presque un siècle d'existence, il faut être original sans décevoir son public. Et là, c'est le drame...

On se souvient du grand raté de La Princesse et la Grenouille, ô combien original mais ô combien faiblard au box-office, et de la grande réussite de La Reine des Neiges, pour le moment indétrônée.

On pourrait gloser indéfiniment sur les raisons de ce succès et de cet échec, mais on peut au moins constater que La Reine des Neiges reste dans une ligne très classique d'histoire de princesse, tandis que La Princesse et la Grenouille quittaient la féérie des palais pour s'incarner dans un contexte très marqué culturellement et socialement.

 

Pour le film Vaiana, le piège était tendu. Dans le monde polynésien, pas de palais, pas de princesse au sens Disney du terme. S'il est une musique qui peine à séduire nos contrées occidentales, ce sont bien les rythmes tribaux et chœurs de voix polynésiens.

De plus Disney, en utilisant la culture et la mythologie maori, risquait de contrarier les intransigeants de la culture locale, puisqu'il en existe partout.

 

Disney a donc choisi de traiter le sujet sous la forme d'un road-movie océanique, mettant en scène une fille de chef polynésien (la princesse ?) sur les traces d'un demi-dieu déchu : Maui.

Un néophyte comme moi n'y verra qu'une histoire de plus, Maui étant une sorte de Prométhée dans un monde imprégné d'animisme (l'océan est vivant, si si, vous verrez). Mais ça n'a pas raté. Disney a été accusé de représenter Maui comme un obèse, ce qui aurait renforcé les clichés en vogue sur les Maoris. Bon... admettons...

 

Ce qui est plus préoccupant, c'est la difficulté qu'éprouve Disney à immerger son public dans cette culture et, tout autant, dans son film. Malgré un graphisme au-dessus de tout soupçon, les chants seront difficiles à retenir, même matraqués par les médias de toutes sortes. La princesse est charmante, mais il n'y a pas de prince ce qui, pour les enfants continuellement en quête de repères, risque de retirer une composante essentielle à l'alchimie de l'univers Disney.

 

Une autre composante des films d'animation de la marque, c'est bien entendu l'humour.

Ici, il y a quelques gags un peu rigolos qui sont recyclés pendant tout le film. Mettre en scène un poulet complètement stupide et franchement rigolo est une bonne chose, mais lorsqu'il s'agit d'un des principaux gags du film, c'est au moins de l'insuffisance. Ce principe s'applique aux quelques autres gags : l'océan qui ramène imperturbablement Vaiana à Maui, ce dernier complètement imbu de lui-même... La liste est courte...

 

Il en ressort un raté cinématographique de taille, qui compense son insuffisance scénaristique par des graphismes et une beauté plastique au sommet. Mais on attend le prochain Disney qui marquera l'histoire du cinéma, comme Le Roi Lion ou La Reine des Neiges...