A vif !

Film : A vif ! (2015)

Réalisateur : John Wells

Acteurs : Bradley Cooper (Adam Jones), Sienna Miller (Helene), Daniel Brühl (Tony), Omar Sy (Michel)

Durée : 01:40:00


À vif est construit sur un schéma désormais classique : la success story. Aussi tourmenté que le personnage de Stallone dans Expandable, Bradley Cooper (l'homme aux yeux Picasso) alias Adam va lui aussi créer une nouvelle équipe de choc et affûter les couteaux pour monter... un nouveau restaurant...
Bon... C'est moins sexy, mais beaucoup plus appétissant.

Adam est un chef. On ne sait pas exactement quels sont ses talents culinaires mais on comprend que tout le monde aime ce qu'il fait, qu'il travaille comme une mule pour améliorer ses compétences et qu'il dirige sa cuisine comme un quartier-maître cocu, en hurlant sur tout le monde.
On comprend également que son passé est lourd, très lourd, et qu'il le rattrape aussi vite qu'une mouche de course.

Cela fait un bon moment que les films de cuisine se succèdent à l'écran, particulièrement depuis Ratatouille en 2007. Depuis 2011, on en a quasiment un par an : Comme un chef, Les saveurs du Palais,  Les recettes du bonheur... La jouissance gastronomique et la fièvre des cuisines inspirent les scénaristes et remplissent les salles. Ça fleure bon l'attachement au terroir, les racines de l'élégance, la fascination pour cette armée ultra-disciplinée qui remplit les assiettes de goûteurs intransigeants.

Pour intéresser le public, le cinéaste doit être original.
Il l'est ici à plusieurs titres.
D'une part il s'agit d'un homme qui ne se comporte pas en simple virtuose de la cuisine, mais en conquérant déterminé et sûr de lui. Son objectif ? Décrocher les trois étoiles au guide Michelin en partant de presque rien.
Pour cela, le scénario construit un personnage tiré des séries à succès. Comme
Docteur House et Lie to me, il est détestable. Il a commis des actes très répréhensibles, ne présente presque jamais d'excuses aux gens qu'il blesse, se prend pour le meilleur et, comble de l'agacement, il a raison.
Mais à ce portrait ajoutons qu'il est en rémission. Plus de drogue, plus d'alcool, plus de femmes... Rien que ça...

Cette psychologie a bien évidemment vocation à évoluer. Adam apprendra au fur et à mesure de ses échecs à tolérer l'imperfection et, indispensable pour tous ceux qui travaillent en équipe, à faire confiance aux autres. Vous vous en doutez, une jolie blonde viendra ajouter chaotiquement son minois à cette histoire.

Pour l'aider à affronter ses épreuves, une psychanalyste, interprétée par l'inénarrable Emma Thomson. Le rôle de celle-ci est, disons-le, assez pauvre, puisqu’il ne sert en réalité qu'à expliciter ce que les spectateurs les moins fins n'auront pas relevé : Adam est perfectionniste, un de ses copains est amoureux de lui (non, n'insistez pas, je ne m'habituerai jamais à ces baisers homosexuels qu'on essaie de nous refourguer à toutes forces), il a peur des autres... Oui, bon, bah on avait compris...

Qu'en reste-t-il après le générique, puisque laisser sa trace au firmament des films est la marque des grandes œuvres ?
Finalement pas grand chose. On s'attache, on compatit, on passe un bon moment, on en a pour son argent, mais pas plus.

Après, c'est à vous de juger !