The Wall

Film : The Wall (2017)

Réalisateur : Doug Liman

Acteurs : Aaron Taylor-Johnson (Sergent Allen Isaac), John Cena (Sergent-chef Shane Matthews), Laith Nakli (Juba)

Durée : 01:30:00


Film à 3 millions de dollars seulement, The Wall est la preuve qu’on peut réussir un bon cinéma d’école sans casser sa tirelire. Un oléoduc à moitié en toc pour rappeler qu’on est en Irak alors que la scène est filmée dans le désert de Los Angeles. Et puis un pauvre mur à 2 balles au milieu du désert, qui abrite un GI complètement cerné à distance par un sniper. Voilà vous avez le début, le milieu et la fin du film ! Ou presque. Dit comme ça, on pourrait s’ennuyer. Sauf que l’intérêt du film est dans le dialogue que l’auteur parvient à créer entre le tueur et sa proie, l’Irakien revanchard réussissant à intercepter à distance les transmissions du GI à portée de tir dans son viseur. Fort de son invisibilité, le sniper en devient cynique tandis que le soldat américain, privé de ressources et de soutiens en plein cagnard, évolue nettement vers le délire.

Le défi de la simplicité scénaristique

Le réalisateur Doug Liman, que l’on avait vu dans des films beaucoup plus spectaculaires très branchés thriller (La mémoire dans la peau, 2002, Mr & Mrs Smith, 2005, Edge of Tomorrow, 2014), nous surprend ici avec une mise en scène simple à l’excès. On s’attend à une course au muscle et à l’habileté pour savoir qui pisse (tire) le plus loin, comme dans American Sniper de Clint Eastwood (2015). On se retrouve en fait dans le Duel de Spielberg (1971) avec un assaillant complètement anonyme qui s’amuse à terroriser un innocent sans véritable raison alors que la guerre est terminée. Bien sûr l’oléoduc est sensé rappeler les intérêts pétroliers de l’Amérique au Moyen-Orient. Une présence forcément mal perçue par les populations locales. Mais la force du scénario est de montrer qu’on n’est pas vraiment dans une histoire de guerre, en dépit du décor. En témoigne ce dialogue complètement surréaliste entre les deux hommes, où le sniper cherche à faire connaissance avec sa victime blessée à la limite de la rémission. Film d’après-guerre, The Wall questionne la guerre menée à des fins économiques, mais il reste dans un registre purement fictionnel en travaillant remarquablement son tueur. Il arrive à nous faire tenir 1h30 sans se manger le mur critique !