War Dogs

Film : War Dogs (2016)

Réalisateur : Todd Phillips

Acteurs : Miles Teller (David), Jonah Hill (Efraim), Ana de Armas (Iz), Bradley Cooper (Henry Girard)

Durée : 01:55:00


Todd Phillips (Very Bad Trip) est de retour derrière la caméra avec une comédie sur le showbiz des armes durant le conflit irakien des années 2000. Un bon film à l’ancienne avec : un commencement, un milieu et une fin ! N’en déplaise aux « nihilistes de l’art » en vogue, comme les appelle à juste titre le philosophe Michel Onfray. Très teinté années 90/2000, ce film de brutes et de malins sans complexes fait plaisir à voir. Il emboîte avec assurance les pas du très efficace Lord of War (Andrew Niccol, 2005). L’histoire est celle de la guerre en Irak menée par G.W. Bush, guerre de tous les excès, et théâtre d’une histoire invraisemblable : celle de deux copains intrépides d’une vingtaine d’années se faisant une place dans le juteux trafic d’armes à destination du Moyen-Orient en réinjectant sur le marché des stocks d’armes déclarés illicites par les autorités américaines. Mais voilà, au carrefour des besoins pharaoniques de l’US Army en matériel militaire et de l’urgence nationale à déployer la « guerre mondiale contre la Terreur », se trouvent un certain nombre d’opportunistes, prêts par tous les moyens à trouver des munitions pour nourrir la machine de guerre, et signer des contrats mirobolants avec l’Armée.


LES VERTUS DE LA FOLIE


War Dogs offre bien sûr une relecture sans concession de la « croisade » menée par Bush contre Saddam Hussein. Le complexe de supériorité des Américains est complètement tourné en dérision. Le démentiel Jonah Hill, déjà vu à l’œuvre en plein délire mégalomaniaque dans le Loup de Wall Street, incarne ainsi ce jeune patron de start-up aussi arrogant que culotté, qui a défrayé la chronique une fois le pot aux roses dévoilé. Très fluide dans la narration et peu avare en excentricités, le film rappelle en tous points l’aventure de Very Bad Trip, surtout lorsque Bradley Cooper entre en scène. Le sujet ne prête pas forcément à sourire puisqu’il aborde la délicate question de l’éthique de la guerre et du commerce des armes. Et pourtant Todd Phillips a le mérite d’assumer sa fiction, en faisant traverser toute son histoire d’un rire plutôt comique. La vertu de son délire ? Montrer crument les déboires engendrés par la recherche effrénée de l’argent : perte du sens de la réalité ; fragilisation des liens d’amitié ; mise en péril d’un couple ; orgueil démesuré ; mensonge organisé ; addiction à la drogue ; oubli des conséquences de la guerre pour les victimes civiles. « Cette affaire est devenue un cas d’école pour l’administration américaine », mentionne le film dans son générique. L’exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire lorsqu’on engage une guerre sans s’assurer d’en avoir les capacités. A commencer par : laisser les intérêts privés transformer la guerre en compétition commerciale.


INOXYDABLE BUSINESS


A côté de Jonah Hill, Miles Teller incarne quant à lui un autre visage. Celui d’une Amérique embarquée malgré elle dans des aventures débridées à l’autre bout de la planète. Une Amérique toujours férue de son rêve transfrontalier, mais aussi toujours déçue de se laisser prendre au piège de l’argent facile. Un thème très classique dans le cinéma hollywoodien… qui a cependant le mérite de marcher à chaque fois ! Comme si tout rêve promis au désastre portait en lui le germe d’un business fructueux…