The Young Lady

Film : The Young Lady (2016)

Réalisateur : William Oldroyd

Acteurs : Florence Pugh (Katherine), Cosmo Jarvis (Sebastian), Paul Hilton (Alexander), Naomi Ackie (Anna)

Durée : 01:29:00


Adaptation du roman de Nikolaï Leskov Lady Macbeth, The Young Lady transpose l’action sibérienne en Angleterre. Après son mariage arrangé, une femme traîne son spleen dans sa maison, seule, avec un mari pervers et surtout absent, qui ne l’aime pas, et qu’elle n’aime pas. La situation ressemble fort au Madame Bovary de Flaubert, auquel l’œuvre a d’ailleurs été comparée lors de sa publication. L’adultère, le plus animal possible, est la faute que commet cette malheureuse : Leskov ayant l’habitude de donner une morale traditionnelle, on sent déjà, par cette animosité, que résoudre le mal par le mal n’augure rien de bon. 

L’histoire, comme le Macbeth de Shakespeare, montre comment le choix délibéré du mal peut entraîner son auteur dans une spirale aliénante. Moraliste donc, mais cru : le crime est présenté tel qu’il est : froid, cruel, effrayant. La confrontation du spectateur avec ce diable agissant fait du film une œuvre extrêmement sombre. 

Si on n’a pas décroché devant tant de méchanceté, tant d’injustice (le seul personnage qui aurait pu rattraper les autres est accablé par ceux-ci), on reste un tantinet sur sa faim : quand l’histoire finit, la porte de la folie semblait s’ouvrir. Et vu le traitement psychologique de haute volée des personnages, on n’aurait pas dit non à une plongée plus profonde encore dans la tête de cette Lady Macbeth. Le sentiment de la fin en queue de poisson (la vie de la jeune femme est loin d’être terminée, contrairement au couple Macbeth) frustre autant que ce qui précédait donnait envie d’en savoir davantage. 

The Young Lady ne peut laisser indifférent : moraliste mais explicite, ce face-à-face avec le mal (avec ce plan-tableau face caméra, la femme sur un divan) écœurera les uns, et fascinera les autres. Son esthétique, et sa réalisation réglée comme une horloge, procèdent d’une maîtrise impressionnante. Un sulfureux bijou noir, à ne pas mettre entre toutes les mains.