Zarafa

Film : Zarafa (2012)

Réalisateur : Rémi Bezançon, Jean-Christophe Lie

Acteurs : Max Renaudin (Maki), Simon Abkarian (Hassan), François-Xavier Demaison (Malaterre), Vernon Dobtcheff (Le vieux sage)

Durée : 01:18:00


Rémi Bezançon signe un film magnifique. Plastiquement du moins... Sa volonté de revenir aux sources du dessin animé traditionnel, sans 3D ni image de synthèse aboutit à un résultat saisissant. Les personnages, très bien dessinés, évoluent dans des paysages magnifiques. L'exotisme du voyage de Maki (techniquement le film est presque un road-movie) dépayse le spectateur et le fait changer de continent et d'époque. Sur le fond il s'agirait de l'histoire de Maki et Zarafa, une petite girafe à laquelle il s'est profondément attaché. Mais cette histoire n'est qu'une apparence, car le but est incontestablement de dénoncer les méchants blancs colonialistes. Le film n'y va pas par quatre chemins. La famille de Maki a été massacrée par des blancs, et le garçonnet est emmené par un vendeur d'esclaves. Le Français n'est vu dans le film que comme un tyran raciste. A l'instar de ce triste négrier, Charles X et sa cour sont montrés moches, arrogants, et racistes. Pas un seul courtisan n'est sympathique et lorsqu'un tenancier sort un arabe saoul de son bar, c'est évidemment en le traitant de « métèque. » La haine de la France suinte dans les moindres détails, et des scénettes connues sont détournées pour la cause. Ainsi Maki, tête basse, conduit-il un âne avec deux petits enfants insupportables dessus, habillés scrupuleusement comme la Sophie de la Comtesse de Ségur. Seul le scientifique qui accompagne nos héros et deux religieuses, montrées dans un hôpital pendant une seconde à peine, sont épargnés. On ressent même une certaine délectation du réalisateur à faire déféquer un hippopotame sur les emblèmes royaux. En face, la culture animiste de l'Afrique est montrée comme un havre de paix et de tolérance, alors qu'on sait très bien qu'à l'époque les esclaves vendus aux négriers l'étaient par les tribus africaines elles-mêmes, dont ils étaient les prisonniers de guerre. Mais dans le film ces braves peuples parlent aux arbres, sont en communion avec les esprits de la nature et parlent aux animaux, ce que les crétins d'occidentaux comme nous ne peuvent pas comprendre. Cultivant l'animosité par le mensonge, voilà un film qui ne va pas faciliter le fameux « vivre ensemble. »