Money Monster

Film : Money Monster (2016)

Réalisateur : Jodie Foster

Acteurs : George Clooney (Lee Gates), Julia Roberts (Patty Fenn), Jack O'Connell (Kyle Budwell), Caitriona Balfe (Diane Lester)

Durée : 01:39:00


La finance… Tout un programme, tout un traumatisme… « La crise », comme on dit. George Clooney, l'apôtre du Darfour, et Jodie Foster ont décidé de lui tordre le coup, le premier en produisant le film, la seconde en le réalisant. Seulement, comme le scénario repose sur deux personnages principaux, le présentateur de télévision pris en otage et la réalisatrice de l'émission, le bon George a fait appel à sa grande amie Julia Roberts, dont on se rappelle déjà le rôle de défense des opprimés dans Erin Brockovich, seule contre tous, et qui donnait déjà la réplique au beau brun dans Ocean's eleven.

Disons-le tout net : le choix de la spéculation comme thème principal n'est ni original (on ne compte plus le nombre de films à charge), ni courageux (qui pourrait être contre, étant donné que même les financiers déplorent les « effets collatéraux » du système ?).

Pour autant, il a le mérite d'exister et de pointer du doigt la sensation de broyage absolu dans lequel se trouve l'individu contemporain. Sanctifié, glorifié, adulé, l'individu paie son individualisme et se retrouve prisonnier d'un monde dans lequel il ne survit qu'à coups de ruse, tel le petit poisson dans les océans dont il est le jouet.

En matière de finance, la ruse coûte parfois cher et Kyle, un petit ouvrier noyé dans la masse, l'a appris à ses dépends en spéculant imprudemment sur les conseils d'un présentateur télé aussi suffisant que ridicule. Quand le peuple se sent victime, il fait n'importe quoi. Kyle ne déroge pas à la règle, et prend en otage le présentateur en direct à la télévision.

Télévision dans le film, film dans le film, difficulté technique pour Jodie Foster : pas de chance, les caméras de télévision et de cinéma ne sont pas compatibles, le grand Clooney et ses acolytes n'ont plus qu'à déclamer deux fois leurs neuf pages quotidiennes de dialogues, filmés d'abord par les premières caméras, puis par les autres. Dans le petit studio de télévision de CBS, qui servira de décor au tournage, tout le matériel ne rentre même pas. Bon courage Jodie, on est avec toi !

Les caméras sont pourtant un élément fondamental du film. Elles le sont pour tous les films, bien sûr, mais ici la critique du système financier se double de celle du show-business.

George Clooney incarne un homme séduisant, sûr de lui, a priori maître de tout mais, on l'apprend tout au long de l'histoire, [spoil]qui se déconsidère et n'a d'égard pour personne, et tout particulièrement pour les petits porteurs qu'il est sensé conseiller[/spoil].

La réalisatrice, quant à elle, prévoit [spoil]de quitter son patron mais n'a pas pris la peine de lui annoncer.[/spoil]

Voilà le show-business : des gens imbus d'eux-mêmes, compétents mais d'un égoïsme crasse, qui viennent prêcher la bonne parole à des gens qu'ils méprisent, et qui les détestent, comme on finit par le voir dans un moment clé qu'on ne révélera pas.

On l'aura compris, drame psychologique oblige, il faudra donc que les personnages évoluent. Un revolver sur la tempe, Monsieur découvre que l'autruche n'a pas toujours un trou à proximité, et que la vie offre parfois des occasions rêvées de s'acheter une conscience.

Du début à la fin, le film se cale sur un rythme extrêmement soutenu, ce qui n'est pas sans rappeler l'excellent Phone Game. Personne ne s'ennuie, le spectateur encore moins, et le thriller se déroule sans accroc. Tout ne se finit pas bien, mais le but est atteint. Les gros méchants sont débusqués (tout en laissant flotter l'amer parfum de l'injustice, histoire de dénoncer un peu), les moyens méchants deviennent gentils, et tout se clôture naturellement dans le meilleur des mondes.

À la sortie de la salle, rassurez-vous, vous serez toujours un petit porteur, et rien n'aura changé. Je vais aller regarder Rambo, histoire de me rendre la confiance en mon destin...