Gone girl

Film : Gone girl (2014)

Réalisateur : David Fincher

Acteurs :

Durée : 02:29:00


Habitué de films durs, violents et sombres, mais de premier ordre, comme Fight Club, ou Millenium, David Fincher nous sort ce qu’il sait faire. On pouvait rêver que son nouveau polar, une guerre des nerfs sur fond d’enquête policière, soit aussi électrique que son récent The Social Network ; malheureusement, c’est bien plus le David Fincher de Millenium, très dur, presque sadique parfois, que l’on retrouve.
Il n’y a nulle pitié, nulle beauté, rien que des êtres médiocres qui deviennent fous et cruels à mesure que le temps passe. Le message désespéré concernant le mariage ne se fait pas discret.

A noter, la cinglante critique des médias et de leur dramatique influence sur la vie des gens. Gone Girl est aussi le spectacle pathétique de ce phénomène qui s’occupe de ce qui ne le regarde pas, qui offre à l’opinion crédule et sentimentaliste la vie des autres en pâture. Et ce n’est pas un détail : le cinquième pouvoir est ici un véritable facteur du déroulement de l’enquête, si puissant que la vérité passe derrière les aspirations du public. Ecœurant comme il faut, un sacré bon point.

Gone Girl réserve son lot de surprises (glauques, entendons-nous bien), mais plutôt que de réaliser un énième film à coups de théâtre, le maître met en valeur une impitoyable et cynique partie d’échecs entre les personnages. Le scénario, s’il est franchement peu plausible, demeure sacrément bien ficelé.
Le spectateur, tenu en haleine, est d’autant plus sous le choc lorsque l’histoire retourne ses sinistres cartes (une scène, notamment, donne la nausée ; les parents qui ont laissé devant moi leurs gosses entrer devraient se les faire retirer… ).

On se rappelle le choc psychologique Prisoners, mais celui-ci restait pudique. Gone Girl ne nous épargne rien.
Peut-être le souci de vouloir toujours plus impressionner ! Il n’empêche que l’intensité ne monte pas autant que dans le chef-d’œuvre de Denis Villeneuve, loin de là même.

On reste toutefois bluffé par l’intelligence scénaristique et le jeu de Rosamund Pike, bien accompagnés par un Ben Affleck meilleur que d’habitude, et une musique à polars qui sonne juste. Mais quel monde monstrueux que celui qu’imagine David Fincher !