Wild

Film : Wild (2014)

Réalisateur : Jean-Marc Vallée

Acteurs : Reese Witherspoon (Cheryl Strayed), Gaby Hoffmann (Aimie), Laura Dern (Bobbi), Thomas Sadoski (Paul)

Durée : 01:56:00


Rien de tel, pour surpasser les blessures d'un passé douteux, que de marcher 1600 petits kilomètres avec sa maison (ou presque) sur le dos ! C'est le chemin que parcourut Cheryl Strayed qui, après avoir perdu sa mère dans des conditions tragiques, avait d'abord choisi de vivre une vie de camée érotomane. Après que son petit ami l'ait répudiée pour cause d'adultère à répétition (quand on aime, on ne compte pas), c'est la révélation : elle doit changer, sortir de ce marasme et reconstruire sa vie.

Personnellement, si je traverse une telle passe, je sais que je pourrais toujours compter sur Häagen-Dazs, mais Cheryl, elle, a d'autres rêves beaucoup moins sucrés : réaliser le parcours du PCT (Pacific Crest Trail), un long chemin de randonnée (4240 kms) allant de la frontière mexicaine à la frontière canadienne. Une sorte de plaisir géant pour masochiste sportif, alliant tout ce qui terrorise notre magnifique société : effort, solitude, silence et introspection…

Ce que Cheryl a vécu pendant ce périple, elle en a fait un livre. Ce que Cheryl a écrit dans son livre, le réalisateur canadien Jean-Marc Vallée (qui a réalisé, entre autres, Le Café de Flore) en a fait un film.

Alors c'est sûr, il faut aimer… L'intention de départ, qui est de louer le courage et le travail sur soi, est excellente, mais le film est long, le rythme lent, et tout est fait pour que le spectateur plonge dans les sensations (la plupart du temps fort désagréables, il faut le dire) de la brave randonneuse. Tout y est : le poids du sac et les blessures qu'il cause, le réchaud qui ne fonctionne pas, les dégâts plantaires. Ajoutez-y les interventions extérieures : animaux en tout genre, êtres humains de tous genres (du brave gars au type très intéressé par une fille seule), déchaînements de la nature, etc. et vous aurez une bonne idée de ce qu'elle a dû endurer.

Le parcours est interrompu par de nombreux flashback expliquant progressivement au spectateur la vie passée de Cheryl, ce qu'elle essaie de surmonter. Le montage est donc extrêmement simple, les transitions brutes et la musique très discrète.

On pourrait reprocher au film quelques manques qui empêchent une complète réussite.

Tout d'abord les paysages qu'elle traverse étant magnifiques, on aurait pu attendre le même esthétisme qu'un film comme La Vie rêvée de Walter Mitty ou, pour rester dans le thème, comme Les chemins de la liberté. Ici, si l'on peut dire, on n'en a pas vraiment pour son argent, ce qui nuit à l'identification puisque Cheryl Strayed a réellement dû vibrer au contact de la nature !

Ensuite, l'introspection se limite aux flashback ce qui, au final, est assez pauvre. A part quelques citations bien senties, on ne trouve pas vraiment de réflexion profonde sur le sens de la vie, comme dans The Tree of life par exemple, qu'on aime ou pas, mais qui avait le mérite de poser de vraies questions existentielles.

Tout ça est donc bien dommage, même si cela n'empêche pas le film de sortir de la bêtise cinématographique ambiante.

En définitive, Wild, c'est un peu comme un pèlerinage de Compostelle, mais sans Dieu et entrecoupé de flashs érotiques. Quand on est une victime de la société décérébrée actuelle, c'est déjà bien, mais quand on aspire à plus, on risque d'être déçu...