Phoenix

Film : Phoenix (2014)

Réalisateur : Christian Petzold

Acteurs : Nina Hoss (Nelly Lenz), Ronald Zehrfeld (Johnny Lenz), Nina Kunzendorf (Lene Winter)

Durée : 01:38:00


L'idée est originale. Une femme revenant de captivité le visage un peu transformé, qui va être recrutée par son mari pour incarner son propre rôle afin de toucher son propre héritage.
Voilà vraiment une approche intéressante, accouchant d'un drame psychologique assez opérant.

Évidemment, le fait que la victime de cette terrible Seconde Guerre mondiale soit une juive (pas un gitan, un catholique ou un homosexuel, hein, eux n'ont pas vraiment souffert pendant la guerre) n'est, pour le coup, pas très original, comme le fait que le thème soit traité par une œuvre au rythme lent et assez ennuyeux. L'atmosphère dépressive dans laquelle baigne le film finit franchement par lasser, sauf dans cette superbe scène où l'homme au piano découvre le pot-aux-roses (celle qui interprète sa femme est vraiment sa femme).

Inspiré du roman d’Hubert Monteilhet, Le Retour Des Cendres, le film entend montrer combien l'amour résiste à tous les défis, et même à la trahison. Car Johnny, le mari (on l'apprend presque dès le début du film) a trahi Nelly, sa femme, et cette dénonciation, Lene, l'amie de cette dernière, ne la pardonne pas. Nelly est dans une posture différente. Elle aime son mari, lui donne toutes les excuses pendant que lui, interprété avec sincérité par Ronald Zehrfeld, adopte un comportement ambigu : il veut l'héritage certes, mais son jeu dénote une nostalgie hésitante pour sa femme. Il n'est pas un saint, ni tout à fait un salaud…

Dans le passage où il découvre la vérité, affairé à son piano pendant que sa femme chante, le jeu des deux acteurs peut s'épanouir tout à fait et donner à la scène une grande intensité dramatique. Après avoir été placé dans un contexte assez peu palpitant pendant tout le film, on découvre soudain le potentiel de l'histoire et ce que le film aurait pu être. Rabâchée, l'horreur de la Shoah ne suffit pas à faire un bon drame. Même si quelques scènes demeurent touchantes, pourquoi fallait-il attendre ce dernier face à face pour vibrer ?