Lu lors de l'émission radiophonique Le libre journal des insoumis, le 27 septembre 2016, sur Radio Courtoisie
Ha ! Cézanne et Zola ! Paul et Emile ! Les deux copains, artistes chacun dans leur domaine, dont les journalistes, chercheurs et écrivains ont désespérément voulu percer les mystères. Pour les défenseurs de Cézanne, Zola était un traître. Traître à Cézanne d'abord, qu'il n'aurait pas soutenu comme il l'aurait du, traître à l'impressionnisme ensuite, dont on suppose qu'il n'avait pas la capacité d'en saisir le génie.
Pourtant Zola a soutenu Cézanne, même si c'était parfois du bout des lèvres, et il a terriblement défendu l'impressionnisme, dans son soutien invétéré à Manet.
Qu'à cela ne tienne. Pour Philippe Sollers, en écrivant L'oeuvre, roman racontant l'histoire d'un peintre raté, Zola a mérité le courroux de Cézanne, qui ne lui aurait plus parlé après 1886.
Sauf que... Sauf qu'une lettre de 1887, retrouvé en 2013, montre que Cézanne n'avait toujours pas rompu avec Zola.
Alors ?
Alors voilà la matière idéale pour faire un film intimiste sur une époque richissime en événements, particulièrement dans le milieu artistique. J'ai parlé de Manet, j'aurais pu parler de Renoir, également présent dans le film. Danièle Thomson, fille de Gérard Oury dont elle sera la fidèle scénariste (La grande vadrouille, Le cerveau, etc.), enfante littéralement ce film. Après des années de recherche, d'investigation, la réalisatrice de Décalage horaire, passionnée, décide de se lancer dans l'aventure.
Elle demande à Guillaume Gallienne d'interpréter Zola, mais celui-ci vibre pour Cézanne. C'est donc son ami de jeunesse, Guillaume Canet, qui lui donnera la réplique, bien caché derrière la barbe du célèbre écrivain.
En matière d'art, le film ne prend pas parti. Tout le monde y est traité respectueusement, et les déboires de Cézanne ne sont que ceux de sa vie. La caméra capte efficacement le jeu de Galienne, quand celui-ci étoffe son personnage avec toute sa sincérité.
Car l'objectif de Danièle Thompson, et ce qui nourrit aussi son objectif, c'est réellement la plongée dans ces égos démesurés, traités différemment par l'opinion publique. Dans le film Cézanne a un éclair glaçant de lucidité. Le pire ce n'est pas qu'on vous attaque, c'est de subir l'indifférence... Cézanne hurle et Zola ne parvient pas à casser le mur de glace qui entoure son ami.
La souffrance tord la pellicule et le spectateur s'identifie, s'amuse parfois de ce caractère impossible, saigne souvent de le voir saigner.
Cézanne et moi, c'est l'histoire d'une amitié contrariée, mais aussi celle de contrariétés amies. On pourrait en dire beaucoup plus, mais on se contentera de laisser le spectateur juger par lui-même.
Lu lors de l'émission radiophonique Le libre journal des insoumis, le 27 septembre 2016, sur Radio Courtoisie
Ha ! Cézanne et Zola ! Paul et Emile ! Les deux copains, artistes chacun dans leur domaine, dont les journalistes, chercheurs et écrivains ont désespérément voulu percer les mystères. Pour les défenseurs de Cézanne, Zola était un traître. Traître à Cézanne d'abord, qu'il n'aurait pas soutenu comme il l'aurait du, traître à l'impressionnisme ensuite, dont on suppose qu'il n'avait pas la capacité d'en saisir le génie.
Pourtant Zola a soutenu Cézanne, même si c'était parfois du bout des lèvres, et il a terriblement défendu l'impressionnisme, dans son soutien invétéré à Manet.
Qu'à cela ne tienne. Pour Philippe Sollers, en écrivant L'oeuvre, roman racontant l'histoire d'un peintre raté, Zola a mérité le courroux de Cézanne, qui ne lui aurait plus parlé après 1886.
Sauf que... Sauf qu'une lettre de 1887, retrouvé en 2013, montre que Cézanne n'avait toujours pas rompu avec Zola.
Alors ?
Alors voilà la matière idéale pour faire un film intimiste sur une époque richissime en événements, particulièrement dans le milieu artistique. J'ai parlé de Manet, j'aurais pu parler de Renoir, également présent dans le film. Danièle Thomson, fille de Gérard Oury dont elle sera la fidèle scénariste (La grande vadrouille, Le cerveau, etc.), enfante littéralement ce film. Après des années de recherche, d'investigation, la réalisatrice de Décalage horaire, passionnée, décide de se lancer dans l'aventure.
Elle demande à Guillaume Gallienne d'interpréter Zola, mais celui-ci vibre pour Cézanne. C'est donc son ami de jeunesse, Guillaume Canet, qui lui donnera la réplique, bien caché derrière la barbe du célèbre écrivain.
En matière d'art, le film ne prend pas parti. Tout le monde y est traité respectueusement, et les déboires de Cézanne ne sont que ceux de sa vie. La caméra capte efficacement le jeu de Galienne, quand celui-ci étoffe son personnage avec toute sa sincérité.
Car l'objectif de Danièle Thompson, et ce qui nourrit aussi son objectif, c'est réellement la plongée dans ces égos démesurés, traités différemment par l'opinion publique. Dans le film Cézanne a un éclair glaçant de lucidité. Le pire ce n'est pas qu'on vous attaque, c'est de subir l'indifférence... Cézanne hurle et Zola ne parvient pas à casser le mur de glace qui entoure son ami.
La souffrance tord la pellicule et le spectateur s'identifie, s'amuse parfois de ce caractère impossible, saigne souvent de le voir saigner.
Cézanne et moi, c'est l'histoire d'une amitié contrariée, mais aussi celle de contrariétés amies. On pourrait en dire beaucoup plus, mais on se contentera de laisser le spectateur juger par lui-même.