Cadavres à la Pelle

Film : Cadavres à la Pelle (2010)

Réalisateur : John Landis

Acteurs : Simon Pegg (Burke), Andy Serkis (Hare), Isla Fisher (Ginny), Jessica Hynes (Lucky)

Durée : 01:31:00


Une comédie macabre à prendre au 16587ème degré pour en profiter franchement, dans la droite ligne de Shaun of the Dead.

Simon
Pegg n'en est pas à son coup d'essai. Scénariste ou co-scénariste de Shaun of the Dead (d'Edgar Wright en 2005), parodie de film de zombie qui a fait son succès, de Hot Fuzz (du même réalisateur en 2007) puis de Paul (de Greg Mottola en 2011), celui qui fit la voix de la petite souris mousquetaire dans Le Monde de Narnia : L'Odyssée du Passeur d'Aurore, et qui fera celle d'un Dupont dans la prochaine adaptation cinématographique du Secret de la Licorne de Steven Spielberg, continue d'amuser la galerie sur fond de décor britannique (même s'il n'a pas participé, cette fois, à l'écriture du script).

C'est donc en Écosse qu'il nous projette cette fois, à l'époque où Édimbourg abritait deux des plus prestigieuses écoles de chirurgie du Royaume-Uni. Il y a assurément un certain souci historique dans le film quoique l'intertitre du début annonce clairement la couleur : tout est vrai sauf ce qui ne l'est pas. Cadavres à la pelle met en scène les célèbres tueurs en série William Burke et William Hare, qui avaient déjà inspiré L'Impasse aux violences, de John Gilling, sorti en 1960, mais de façon comique bien entendu, fortement imprégnée de british touch.

John Landis, ré
alisateur d'
Un Fauteuil pour deux (1983), a essayé de donner le meilleur de lui-même et a sollicité son réseau pour obtenir quelques surprises : « C’est comme une boîte de bonbons. J’ai voulu faire le meilleur assortiment. Il y a des apparitions de Ray Harryhausen, Costa Gavras et une partie de sa famille et Michael Winner. »

Le tandem entre Simon Pegg et Andy Serkis (qui interprète Golum dans la trilogie du Seigneur des anneaux de 2001 à 2003 ) fonctionne très bien. Alors que le premier continue sur sa lancée en renvoyant du burlesque à gogo, le deuxième navigue avec une facilité déconcertante entre le dr&
ocirc;le et l'inquiétant, se calquant ainsi sur la progression du film.

Car autant il est facile de s'amuser aux dépends de deux revendeurs de cadavres, qu'ils sont simplement au début, autant il est nettement plus compliqué de rire de deux authentiques meurtriers qui utilisent des procédés rebutants pour se faire de l'argent. Les amateurs du second degré y trouveront leur compte, mais les autres seront partagés entre le rire et la gêne.

Les scènes érotiques parfois très longues du film entretiendront cette gêne que le réalisateur ne partage apparemment pas : « j’adore le fait que Hare et sa femme soient si amoureux. Enfant, j’
avais été marqué par le couple de Morticia et Gomez dans La Famille Addams. Morticia rendait fou Gomez. J’adore le fait que Hare et Lucky aient cette entente sexuelle alors qu’à la base, Hare l’a épousée parce qu’elle avait une auberge. »

Cet enthousiasme explique probablement la complaisance pour ces scènes totalement gratuites.

Bien qu'assez détaillée dans le film, la relation amoureuse entre William Bruke et Ginny, une ancienne prostituée rêvant de faire une troupe de théâtre reste assez anecdotique. Cette greffe romantique ratée n'est pas franchement utile, à moins peut-être pour des raisons historiques.

Beaucoup plus réussie en revanche est l'image d'officier militaire intègre, déterminé et franchement comique qu'incarne Ronnie Corbett, célèbre en Écosse. Ce policier ne redoute rien et marche implacablement sur les traces des deux compères, assisté en sa besogne par deux acolytes qui rappellent le caporal Rex de la vieille série des Zorros, produite en 1957 par Disney.

« Ronnie est né et a grandi à Édimbourg, raconte John Landis. Alors quand je lui ai dit que s’il jouait le capitaine McLintoch, il pourrait utiliser son accent écossais et enfin dire le mot « murder » en 3 syllabes comme tout bon Ecossais, il m’a dit : « Mais j’ai pass&
eacute; ma vie à essayer de le perdre! » »

La rivalité entre les deux plus grands chirurgiens de la ville, flanqués de deux assistants dont les visages expriment de façon désopilante les expressions flottantes des courtisans de bas étage, met en scène deux acteurs talentueux dont un Tom Wilkinson (interprète du Général Cornwallis dans The Patriot, de Roland Emmerich en 1998) au sommet de sa forme.

Un divertissement bien drôle et fort noir, donc, dont ceux qui sont fatigués de se faire titiller la libido déploreront l'exhibitionnisme.