L'Incroyable histoire de Winter le dauphin

Film : L'Incroyable histoire de Winter le dauphin (2011)

Réalisateur : Charles Martin Smith

Acteurs : Harry Connick Jr (Dr. Clay Haskett), Ashley Judd (Lorraine Nelson), Nathan Gamble (Sawyer Nelson), Kris Kristofferson (Reed Haskett), Cozi Zuehlsdorff (Hazel Haskett), Morgan Freeman (Dr. McCarthy)

Durée : 01:57:00


Un film mignon, un peu trahi par sa 3D approximative, qui respecte scrupuleusement les codes du genre et traite de la relation entre l'homme et l'animal sur fond de handicap.

L'incroyable histoire de Winter le dauphin est tirée de faits réels. Winter a vraiment existé, sauvé de sa blessure mortelle par une prothèse en forme de nageoire. De plus, parmi les personnages principaux, « certains sont directement inspirés de plusieurs personnes qui se sont mobilisées pour sauver Winter. Leurs connaissances, leur savoir-faire et leur recul ont vraiment nourri l’histoire » (Noam Dromi, scénariste, in dossier de presse). Enfin Winter est incarné par lui-même, pour des raisons assez évidentes. Comme l'explique le réalisateur : « étant donnée sa manière bien à lui de se déplacer en zigzags latéraux – ce
qui est un élément important de l’histoire –, on ne pouvait qu’utiliser le véritable Winter. Du coup, on a dû tourner sur les lieux mêmes du Clearwater Marine Aquarium, rebaptisé Clearwater Marine Hospital pour les besoins du film. Le résultat final a dépassé toutes nos attentes. »

Très romancée par l'écran (le petit garçon et son amitié sont fictifs), l'histoire respecte scrupuleusement les codes du genre. Après la saga des Sauvez Willy (initiée en 1993 par Simon Wincer), Flipper le dauphin mis en scène par une série (créée en 1967 puis reprise en 1995 avec la jolie Jessica Alba, qui a depuis fait son chemin) et un film (de Alan Chapiro en 1996), il est en
effet des poncifs qui refusent de mourir : le petit garçon orphelin, qui a encore sa mère tandis que sa copine n'a que son père (l'histoire ne nous montre pas comment ça finit mais le suggère), houspillé par des petits camarades fins comme des bœufs, au niveau scolaire bancal mais qui s'en sort grâce à son amitié avec un animal (évidemment très intelligent, qui comprend tout, et c'est très émouvant), des problèmes financiers apparemment insolubles mais pulvérisés par deux enfants qui se transforment soudainement en homme et femme d'affaire, etc.

La réalisation est tout aussi classique. Du plan fixe, quelques vues subjectives très parcimonieuses pour le dauphin, des effets spéciaux parfois difficilement gérés et, malheureusement, une 3d faiblarde.

>Cette description peut paraître sévère et décourageante, mais ne nous méprenons pas. Le grand public et particulièrement les enfants n'ayant pas la même exigence qu'un critique de cinéma, la salle verse malgré tout sa petite larmichette et s'amuse devant les espiègleries d'un pélican caractériel.

Sur le fond les thèmes sont également là encore habituels.

Il y a d'abord et bien entendu un petit couplet écologiste dans le style « sauvons la nature. » Le réalisateur s'emballe : « L’un des messages forts du film, c’est que notre sort à tous – humains, animaux et éléments naturels – est lié. Nous appartenons tous à une vaste communauté qui va bien au-
delà de nos frères d’hommes, et je pense que ce film évoque cette réalité avec force, humour et générosité. »

Pourtant, le message est plus digeste que d'habitude car il ne confine pas à l'auto-flagellation. On ne voit pas de méchants hommes (des pêcheurs par exemple) persécuter des animaux qui les aiment de tout leur cœur. Les pêcheurs font leur travail de pêcheurs, un dauphin se blesse dans leurs filets comme malheureusement souvent, mais la suite n'est que sauvetage de ce dauphin par de gentils humains compréhensifs et attentionnés. On a eu chaud !

En revanche, une réflexion plutôt originale est ensuite menée sur le rapport au handicap. « Ce film parle de la manière dont on peut surmonter l’adversité, style="font-style: normal;">explique le producteur Andrew A. Kusove, en faisant preuve de pugnacité et de courage – qui sont autant de qualités dans lesquelles l’être humain peut se reconnaître intimement. Et ce qui rend le film plus unique encore, c’est que c’est un animal qui témoigne de ces qualités. » Ce dauphin doit en effet être amputé de sa nageoire, ce qui pose un réel problème de survie. Parallèlement à cette difficulté le cousin de Sawyer revient diminué de l'armée, qu'il souhaitait faire pour financer ses Jeux Olympiques de natation (coup dur !). Le handicap est alors présent à tout moment : la honte de se montrer dans son état à sa famille, le découragement, les prouesses technologiques pour repousser les limites de l'impuissance... C'est d'ailleurs une petite fille handicapée qui va
devenir la première fan du dauphin et drainer derrière elle le flot des foules.

Winter devient ainsi le symbole du handicap surmonté, la pierre angulaire de la solidarité entre et avec les malades, la preuve que rien n'est perdu quand on s'investit à fond dans un beau projet.

Un beau message d'espoir, donc, traité de façon extrêmement académique, qui a le mérite de faire passer un bon moment à la marmaille mais ne constitue pas une prouesse artistique.