Les Frères Sisters retrace l'aventure (extraite du roman éponyme) de deux cow-boys bourins, vieux garçons et à moitié alcooliques, qu'on envoie au bout des États-Unis capturer un jeune idéaliste tout droit sorti des ateliers de réflexions inclusives de Nuit Debout, prônant l'égalité entre toutes-et-tous et la paix civile.
Bien évidemment, les cow-boys représentent cet ancien monde macho, cupide, irréfléchi, qui n'aime que se battre, boire, et dans un langage châtié, se détendre. Certes, le film ne caricature pas autant, et rend même ces frangins assez attachants ; il faut dire que le film profite de la richesse littéraire originelle de l’histoire pour dessiner de profonds portraits. Leur périple finit pas nous intéresser, et l’on pleure bien peu les malheurs du communiste perdu dans le Far-West du capitalisme, tête-à -claques tant ses discours ressemblent à de mauvais sermons, et sans soutane, en plus. Ses leçons de bonne conduite nous interrogent sur le principe de concurrence, de rivalité : pourquoi se battre, alors qu'on peut s'associer et être heureux, harmonieux ensemble ?
Le bonhomme n'a pas l'air de comprendre que l'Ouest américain de l'époque est une jungle, et que si les hommes se comportaient toujours comme dans le catéchisme, ça se saurait ; que si le remède était aussi simple que de commander "arrêtez de vous battre, parce que se battre, c'est mal !", on se demande pourquoi personne n'y a pensé avant lui. Lui, en tout cas, ne se le demande pas. Déception que ce personnage irréaliste, qui, selon le film, ne souffre d’aucun défaut, sorte de saint progressiste trop intelligent pour ce monde de cow-boys écervelés.
L’avantage tout de même des Frères Sisters demeure en la richesse de ses péripéties. Mine de rien, il s’agit d’un western. Alors, bafouer les valeurs du western en démystifiant la figure du cow-boy, pourquoi pas, tant que ça pétarade, on s’amuse un peu. On aurait simplement apprécié que la dénonciation d’un mythe ne se fasse pas à travers la proclamation d’un autre. Quand on joue les sages raisonnables et lucides, on le fait avec tous ses personnages. Quand on annonce que Dieu est une superstition, on n’invente pas la déesse Raison…
Une aventure incomplète : réaliste avec les frangins, idéaliste avec les autres, ce western nous fait davantage aimer ceux que le spectateur humaniste était censé prendre de haut. La prestation pleine de caractère et de vie de Joaquin Phoenix n’y est pas pour rien, bien aidé par le fictif frangin, John C. Reilly. Pardon pour le talentueux Audiard, mais les anciens héros, même en guenilles, nous feront toujours plus rêver que ces fragiles pasteurs, qui sous de charitables utopies cachent une misanthropie méprisant l’homme tel qu’il est ; principe de l’idéalisme. Et l’idéalisme dans le Far West, dans le monde réel en fait, il y a mieux pour l’espérance de vie.
Les Frères Sisters retrace l'aventure (extraite du roman éponyme) de deux cow-boys bourins, vieux garçons et à moitié alcooliques, qu'on envoie au bout des États-Unis capturer un jeune idéaliste tout droit sorti des ateliers de réflexions inclusives de Nuit Debout, prônant l'égalité entre toutes-et-tous et la paix civile.
Bien évidemment, les cow-boys représentent cet ancien monde macho, cupide, irréfléchi, qui n'aime que se battre, boire, et dans un langage châtié, se détendre. Certes, le film ne caricature pas autant, et rend même ces frangins assez attachants ; il faut dire que le film profite de la richesse littéraire originelle de l’histoire pour dessiner de profonds portraits. Leur périple finit pas nous intéresser, et l’on pleure bien peu les malheurs du communiste perdu dans le Far-West du capitalisme, tête-à -claques tant ses discours ressemblent à de mauvais sermons, et sans soutane, en plus. Ses leçons de bonne conduite nous interrogent sur le principe de concurrence, de rivalité : pourquoi se battre, alors qu'on peut s'associer et être heureux, harmonieux ensemble ?
Le bonhomme n'a pas l'air de comprendre que l'Ouest américain de l'époque est une jungle, et que si les hommes se comportaient toujours comme dans le catéchisme, ça se saurait ; que si le remède était aussi simple que de commander "arrêtez de vous battre, parce que se battre, c'est mal !", on se demande pourquoi personne n'y a pensé avant lui. Lui, en tout cas, ne se le demande pas. Déception que ce personnage irréaliste, qui, selon le film, ne souffre d’aucun défaut, sorte de saint progressiste trop intelligent pour ce monde de cow-boys écervelés.
L’avantage tout de même des Frères Sisters demeure en la richesse de ses péripéties. Mine de rien, il s’agit d’un western. Alors, bafouer les valeurs du western en démystifiant la figure du cow-boy, pourquoi pas, tant que ça pétarade, on s’amuse un peu. On aurait simplement apprécié que la dénonciation d’un mythe ne se fasse pas à travers la proclamation d’un autre. Quand on joue les sages raisonnables et lucides, on le fait avec tous ses personnages. Quand on annonce que Dieu est une superstition, on n’invente pas la déesse Raison…
Une aventure incomplète : réaliste avec les frangins, idéaliste avec les autres, ce western nous fait davantage aimer ceux que le spectateur humaniste était censé prendre de haut. La prestation pleine de caractère et de vie de Joaquin Phoenix n’y est pas pour rien, bien aidé par le fictif frangin, John C. Reilly. Pardon pour le talentueux Audiard, mais les anciens héros, même en guenilles, nous feront toujours plus rêver que ces fragiles pasteurs, qui sous de charitables utopies cachent une misanthropie méprisant l’homme tel qu’il est ; principe de l’idéalisme. Et l’idéalisme dans le Far West, dans le monde réel en fait, il y a mieux pour l’espérance de vie.