"Dénoncer l'oppression des plus faibles, mais avec éclat et élégance, pour réenchanter le monde" : telle est la mission que s'est attribuée le réalisateur Michel Ocelot, interviewé par France Inter. Son film d'animation très esthétique raconte l'histoire d'une petite kanake appelée Dilili, dans le Paris de la Belle époque, au début du XXe siècle. Si la petite fille métisse découvre en chemin une société riche en couleurs et en personnages célèbres (de Sarah Bernhardt à Jean Jaurès, en passant par Claude Debussy ou Colette, Louise Michel ou le prince héritier de la Couronne britannique), elle rencontre aussi une société occulte de méchants, dénommés les "Mâles-Maîtres", qui enlèvent des petites fillettes pour leur faire du mal, c'est-à-dire en gros les réduire en esclavage dans les sous-sols de Paris. Ce sont des mâles blancs rustres aussi bien que des personnes haut placées dans la société. La petite Dilili, aidée d'un ado (Orel) à la coupe de cheveux très tendance, se sent dès lors investie du devoir d'émanciper toutes ces malheureuses jeunes filles blanches des griffes des méchants hommes blancs, pour favoriser le vivre-ensemble des habitants de cette époque.
L'esthétique au service de l'idéologie
Cette relecture grossière de l'histoire au surligneur idéologique de la lutte entre les sexes et de la lutte contre l'homme blanc européen, amuse par la fraîcheur de son arrogance. Elle illustre bien la tendance actuelle de notre société à vouloir reformuler de façon totalement arbitraire tout ce qui lui disconvient. Sous ce prisme, Michel Ocelot est un peu le Jacques Audiard du film d'animation. Il sait profiter opportunément des débats de société controversés pour les glisser dans ses oeuvres d'une manière qui revendique étonamment la neutralité, le renouveau, l'audace. Le paradigme du "en même temps" se reflète hardiment dans chacune des scènes, habillées d'un classicisme chevronné, et aussi bien tartinées de préoccupations post-modernes aisément anachroniques, le tout enrobé dans des dialogues irréprochables. Le dessin animé est réalisé à partir de photos réelles de Paris retouchées avec un logiciel 3D. Cette technique donne un rendu particulièrement réaliste à l'image. Mais tristement, la malice outrancièrement pédagogique du scénario enferme déjà le gamin dans une sorte de manoir adulte et occulte à la Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick, 1998), où les hommes jouent le mauvais rôle ténébreux et secret du mâle dominant dans la société, parce qu'ils possèdent en eux une tendance à soumettre la femme qu'il faut réprimer. Enfants de tous les pays, unissez-vous ! Libérez les hommes de l'homme, la femme du mâle, le mâle du mal !
"Dénoncer l'oppression des plus faibles, mais avec éclat et élégance, pour réenchanter le monde" : telle est la mission que s'est attribuée le réalisateur Michel Ocelot, interviewé par France Inter. Son film d'animation très esthétique raconte l'histoire d'une petite kanake appelée Dilili, dans le Paris de la Belle époque, au début du XXe siècle. Si la petite fille métisse découvre en chemin une société riche en couleurs et en personnages célèbres (de Sarah Bernhardt à Jean Jaurès, en passant par Claude Debussy ou Colette, Louise Michel ou le prince héritier de la Couronne britannique), elle rencontre aussi une société occulte de méchants, dénommés les "Mâles-Maîtres", qui enlèvent des petites fillettes pour leur faire du mal, c'est-à-dire en gros les réduire en esclavage dans les sous-sols de Paris. Ce sont des mâles blancs rustres aussi bien que des personnes haut placées dans la société. La petite Dilili, aidée d'un ado (Orel) à la coupe de cheveux très tendance, se sent dès lors investie du devoir d'émanciper toutes ces malheureuses jeunes filles blanches des griffes des méchants hommes blancs, pour favoriser le vivre-ensemble des habitants de cette époque.
L'esthétique au service de l'idéologie
Cette relecture grossière de l'histoire au surligneur idéologique de la lutte entre les sexes et de la lutte contre l'homme blanc européen, amuse par la fraîcheur de son arrogance. Elle illustre bien la tendance actuelle de notre société à vouloir reformuler de façon totalement arbitraire tout ce qui lui disconvient. Sous ce prisme, Michel Ocelot est un peu le Jacques Audiard du film d'animation. Il sait profiter opportunément des débats de société controversés pour les glisser dans ses oeuvres d'une manière qui revendique étonamment la neutralité, le renouveau, l'audace. Le paradigme du "en même temps" se reflète hardiment dans chacune des scènes, habillées d'un classicisme chevronné, et aussi bien tartinées de préoccupations post-modernes aisément anachroniques, le tout enrobé dans des dialogues irréprochables. Le dessin animé est réalisé à partir de photos réelles de Paris retouchées avec un logiciel 3D. Cette technique donne un rendu particulièrement réaliste à l'image. Mais tristement, la malice outrancièrement pédagogique du scénario enferme déjà le gamin dans une sorte de manoir adulte et occulte à la Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick, 1998), où les hommes jouent le mauvais rôle ténébreux et secret du mâle dominant dans la société, parce qu'ils possèdent en eux une tendance à soumettre la femme qu'il faut réprimer. Enfants de tous les pays, unissez-vous ! Libérez les hommes de l'homme, la femme du mâle, le mâle du mal !