Après la décennie 2000 où s'enchaînaient de simples surenchères sans intérêt d'invasions extraterrestres, un OVNI cinématographique - le terme est bien choisi - a débarqué : District 9 (2009). Ce film, bien que légèrement inachevé, prouvait à Hollywood que la SF n'avait finalement pas encore livré toutes ses potentielles histoires.
Depuis, continuant de braver les blockbusters bêtas du genre (Battle to Los Angeles, Independance Day 2...), d'autres oeuvres originales frôlant le coup de génie sont parues (Midnight Special, Premier Contact), confirmant l'embellie. Certes, le réalisateur de Captive State n'a pas le talent de Jeff Nichols ou de Denis Villeneuve. Mais son Captive State aporte un regard lui aussi original sur le genre. Cette fois-ci, pas de prise de contact, de grand mystère à propos des envahisseurs ; on passe directement à un stade plus avancé de problèmes : l'oppression totalitaire d'un pouvoir aux mains d'extraterrestres techniquement supérieurs aux hommes.
Les dilemmes sont les mêmes que dans un pays vaincu et occupé : faut-il collaborer, résister, ou attendre ? Par ses coups de théâtre, le film a l'intelligence de rendre la question plus complexe que prévu. Que privilégier face à un ennemi plus fort ? La force jusqu'à épuisement de l'adversaire, ou la ruse ? Cette question s'est maintes fois posée en Occident : les Espagnols occupés par l'armée de Junot, les Français dans la zone occupée, les Européens de l'Est sous domination communiste, etc.
Cette invitation au courage, à la résistance, prend le temps d'aborder un obstacle plus grand encore que l'ennemi : la foule de ceux qui devraient résister, s'accomodant de leur esclavage, la maudite inaction des présumés "gens de bien", et leur cécité plus ou moins volontaire - et coupable - devant les privations et les crimes d'un régime autoritaire.
Il existe effectivement deux phases dans la résistance : l'engagement, mais avant tout, le constat que la résistance devient nécessaire. Inutile d'être bilingue pour comprendre que le titre du film est orienté non pas vers l'idée de l'action dans la résistance, mais sur le constat que le peuple se laisse enchaîner par ses maîtres.
L'ensemble, s'il brille par son fond et son traitement original, laisse toutefois sur sa faim le spectateur avide de nouveaux aliens : créer ces bestioles devient en effet un véritable défi artistique, concernant leur apparence, et scénaristique, pour leurs capacités. Les trouvailles convainquent, mais demeurent trop peu exploitées.
Mais le film n'a pas convié le spectateur pour la 3D, mais pour livrer une fable sur l'engagement. Captive State a même le courage de mêler un prêtre à ses résistants, la religion étant très visiblement censurée et le culte interdit par les dictateurs.
Un film faisant le choix du réalisme dans une histoire de science-fiction : c'est bien pour réveiller les foules endormies dans la propagande qu'Orwell ou Huxley ont écrit des dystopies ; puisse celle-ci en inspirer quelques-uns...
Après la décennie 2000 où s'enchaînaient de simples surenchères sans intérêt d'invasions extraterrestres, un OVNI cinématographique - le terme est bien choisi - a débarqué : District 9 (2009). Ce film, bien que légèrement inachevé, prouvait à Hollywood que la SF n'avait finalement pas encore livré toutes ses potentielles histoires.
Depuis, continuant de braver les blockbusters bêtas du genre (Battle to Los Angeles, Independance Day 2...), d'autres oeuvres originales frôlant le coup de génie sont parues (Midnight Special, Premier Contact), confirmant l'embellie. Certes, le réalisateur de Captive State n'a pas le talent de Jeff Nichols ou de Denis Villeneuve. Mais son Captive State aporte un regard lui aussi original sur le genre. Cette fois-ci, pas de prise de contact, de grand mystère à propos des envahisseurs ; on passe directement à un stade plus avancé de problèmes : l'oppression totalitaire d'un pouvoir aux mains d'extraterrestres techniquement supérieurs aux hommes.
Les dilemmes sont les mêmes que dans un pays vaincu et occupé : faut-il collaborer, résister, ou attendre ? Par ses coups de théâtre, le film a l'intelligence de rendre la question plus complexe que prévu. Que privilégier face à un ennemi plus fort ? La force jusqu'à épuisement de l'adversaire, ou la ruse ? Cette question s'est maintes fois posée en Occident : les Espagnols occupés par l'armée de Junot, les Français dans la zone occupée, les Européens de l'Est sous domination communiste, etc.
Cette invitation au courage, à la résistance, prend le temps d'aborder un obstacle plus grand encore que l'ennemi : la foule de ceux qui devraient résister, s'accomodant de leur esclavage, la maudite inaction des présumés "gens de bien", et leur cécité plus ou moins volontaire - et coupable - devant les privations et les crimes d'un régime autoritaire.
Il existe effectivement deux phases dans la résistance : l'engagement, mais avant tout, le constat que la résistance devient nécessaire. Inutile d'être bilingue pour comprendre que le titre du film est orienté non pas vers l'idée de l'action dans la résistance, mais sur le constat que le peuple se laisse enchaîner par ses maîtres.
L'ensemble, s'il brille par son fond et son traitement original, laisse toutefois sur sa faim le spectateur avide de nouveaux aliens : créer ces bestioles devient en effet un véritable défi artistique, concernant leur apparence, et scénaristique, pour leurs capacités. Les trouvailles convainquent, mais demeurent trop peu exploitées.
Mais le film n'a pas convié le spectateur pour la 3D, mais pour livrer une fable sur l'engagement. Captive State a même le courage de mêler un prêtre à ses résistants, la religion étant très visiblement censurée et le culte interdit par les dictateurs.
Un film faisant le choix du réalisme dans une histoire de science-fiction : c'est bien pour réveiller les foules endormies dans la propagande qu'Orwell ou Huxley ont écrit des dystopies ; puisse celle-ci en inspirer quelques-uns...