Ces films qui n'aiment pas la France


Cela est si vrai qu'une des fonctions de la culture a toujours été politique : soutenir ou au contraire dénoncer le régime en place. Ce n'est pas un mal en soi. Comme pour tout, la question est celle de la bonté ou de la malice des idées véhiculées.

 

Dans cette lutte culturelle, le cinéma ne fait pas exception. On sait les idées qui ravagent encore la France : la honte d'être français, ou catholique, ou même de droite, etc...

 

En face de la débandade, la culture du régime défend ses petits. Universitaires, artistes et journalistes véhiculent un certain nombre de messages qui ont vocation (il n'est pas question ici des soi-disant complots qui agitent tant de mes amis) à maintenir une idéologie culpabilisante et lucrative. Ainsi en va-t-il de l'anart, de la musique, mais aussi, et c'est l'objet de mon propos, du cinéma.

 

Depuis quelques années fleurissent ainsi des films qui s'attaquent à la fierté française. Ces films déploient une énergie invraisemblable à mettre le doigt sur des griefs réels ou fantasmés contre la France. J'avais parlé dans un de mes premiers éditoriaux de l'effet-loupe au cinéma (consultable dans les archives de l'Écran, http://www.lecran.fr). C'est exactement cet effet-loupe, mais appliqué à la haine de soi : des films français qui n'aiment pas la France.

 

On peut accuser la grande majorité des films communautaires en France. Ceux-ci proviennent de communautés victimisées (par l'idéologie ambiante). Ces films sont de plus en plus nombreux et traitent de sujets différents.

Mohammed Dubois, de Ernesto Ona (2013) traite de la prétendue difficulté qu'auraient les musulmans à faire des affaires. On y voit qu'une banque refuse de faire un prêt à un musulman non pas parce que son dossier ne tient pas la route, mais parce qu'il est musulman. Ceci est bien sûr improbable (quelle banque pourrait refuser de gagner de l'argent ?) et faux (de nombreuses entreprises en France sont montées par des musulmans sans qu'ils rencontrent plus de difficulté que les autres), mais ce n'est pas ce qui compte, et ce qui ressort en définitive, c'est que la France est raciste.

Dans Les hommes libres d'Ismael Ferroukhi (2010), l'historien qui conseille le film affirme que « le sentiment qui domine à leur égard [NDLR : la population musulmane], c’est la complète ignorance, puisqu’ils ne sont ni représentés, ni connus. Cette "non existence" correspond à une forme de racisme par le mépris, l’ignorance. »

Dans L'italien, d'Olivier Baroux (2009), un musulman brillant est contraint de s'inventer une identité et de renier ses origines arabes pour percer dans le monde des affaires.

Pour son film Beur sur la ville, Djamel Bensalah affirme qu' « en banlieue, le cimetière des individus instruits et « sur-diplômés » ne trouvant que des emplois sous-qualifiés s'étend à perte de vue. » Il n'y a pas plus de chômage dans ces quartiers que dans nos campagnes, mais on a bien capté le message...

Comme dans Mohammed Dubois, Il reste du Jambon ?, d'Anne Depetrini (2010), prétend montrer que l'intégration pêche des deux côtés. Et comme dans Mohammed Dubois, chacun pourra tirer la conclusion qui s'impose : la France et ses français ont bien plus de torts que les gentils jeunes des quartiers populaires.

Certains de ces films vont même si loin qu'ils prêchent contre leur paroisse. Dans Les kaïra, de Franck Gastambide en 2011, les jeunes sont si antipathiques qu'il faut aller au troisième degré pour les comprendre et compatir.

On pourrait allonger la liste presque à l'infini (Halal Police d'État en 2010, Paulette en 2012, De l'autre côté du périph, de David Charhon en 2012, etc.) alors qu'il ne s'agit pourtant que de films récents !!!

Mais où sont les films qui montrent les quartiers où tout se passe très bien parce que, rappelons-le à contre-courant : les Français ne sont pas racistes !? Comment un immigré pourrait-il avoir envie de s'intégrer dans un pays dont on lui explique en permanence qu'il ne veut pas de lui ? Comment les Français pourraient être fiers de leur pays si on le leur montre toujours sous un jour répugnant ?

 

Un deuxième thème fréquemment exploité : la colonisation (à bien différencier du colonialisme). J'ai déjà cité Les hommes libres, qui ne montre qu'une France avide des richesses de l'Algérie, mais on pourrait aussi citer Hors-la-loi, de Rachid Bouchareb en 2010, ou Indigènes, du même réalisateur en 2005. C'est encore le cas de L'ordre et la morale, de Mathieu Kassovitz en 2010. Jamais un mot sur les bienfaits de la colonisation, jamais un regard apaisant et assumé, jamais de demi-mesure... Que certains faits soient avérés, là n'est pas la question. Ce qui est frappant c'est que tout cela va toujours dans le même sens, un esprit de haine de soi que les Français prennent en plein visage.

 

Un autre thème traité de manière affreuse : la police. Alors que la très grande majorité des membres de ce corps agit avec professionnalisme, souvent sans aucune reconnaissance, voilà qu'ils sont moqués, vilipendés, cloués au pilori par des réalisateurs méprisants et odieusement donneurs de leçons. On ne dénoncera jamais assez les films de Luc Besson, dont j'avais déjà parlé dans mon article sur l'effet-loupe, mais on peut y ajouter la quasi-totalité des films précités. Presque chaque fois les policiers sont montrés arrogants, agressifs ou idiots... Est-il normal que le taux de suicide augmente chez ces gardiens de la paix pendant que les Français ricanent ? Où sont les policiers compétents, respectueux et intègres que les films devraient glorifier ? Seul Olivier Marshall semble échapper à la règle de la caricature outrancière, peut-être parce qu'il fut commissaire de police, mais même dans ses films, la police est montrée froide, noire, dure... Et quand Nicolas Boukhrief montre des agents intègres dans Gardiens de l'ordre en 2009, c'est pour les confronter immédiatement à une hiérarchie manipulatrice et véreuse...

Comment, une nouvelle fois, le peuple de France pourrait-il aimer sa patrie ? La question n'est pas de savoir s'il y a un peu de vrai, mais celle d'une représentation fidèle de la réalité.

 

En tuant ce patriotisme, on tue le seul lien qui peut unir blancs, noirs, jaunes ou café au lait sous un même drapeau, on saccage la seule chose qui peut garantir l'unité nationale. Pourquoi jouer le réveil de la belle au bois dormant quand la Marseillaise est sifflée, puisque la haine est entretenue par ceux-là même qui devraient la combattre en première ligne ?

 

On peut faire exactement la même analyse à propos de la religion historique en France : le catholicisme. On peut ne pas être catholique et pour autant ne pas vouloir salir cette religion. Cela me paraît un comportement sain. Pourtant le catholicisme est la seule religion à être autant attaquée par le cinéma. Pourquoi ?

Besson, dans tous les mauvais coups, ne pouvait manquer à l'appel, avec sa Jeanne d'arc complètement cinglée. Mais il n'est pas le seul. La religieuse, de Guillaume Nicloux en 2012, reprend les cochonneries de Diderot. Ici-bas, de Jean-Pierre Denis en 2011 désacralise encore un peu plus les religieuses, pendant que les Femen sont glorifiées par les médias officiels. La liste est longue, et dans tous les genres (pour les comédies citons Philibert, de Sylvain Fusée en 2010), même en restant dans les films français. Alors imaginez maintenant qu'on y ajoute les films étrangers !

 

De telles offensives entraînent, de la part des personnes réellement stigmatisées, toutes sortes de réflexes. Cette mauvaise conscience exaspère tellement ceux qui sont dans une ou, pire, dans les trois catégories que des mouvements essentialistes fleurissent à tout va : de plus en plus de personnes choisissent même, plutôt que de défendre de saines idées en assumant ce qu'ils sont, de se concentrer sur la revendication de ce qu'ils sont, impasse pour le moins séduisante et très payante médiatiquement. D'autres choisissent de concilier à tout prix l'inconciliable (kantisme et christianisme, libéralisme et catholicisme, etc.). D'aucuns encore veulent arracher le bon grain avec l'ivraie et condamnent le cinéma tout entier, quand d'autres, devant ce déferlement, laissent leurs enfants regarder tout et n'importe quoi, quittes à ingurgiter de grandes rasades de haine de soi.

 

Il est plus que jamais temps de cultiver la force tranquille qui nourrira la culture et permettra une offensive authentique. Cette offensive doit d'abord être culturelle. Un homme qui fut mon maître me disait un jour qu'un ticket de cinéma, c'est un bulletin de vote. Même si toute analogie a ses limites, il est néanmoins temps d'être exigent.

 

Il n'y a aujourd'hui qu'une seule publication qui joue à ce point la carte du choix et démonte implacablement la subversion cinématographique : L'écran...

 


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