À bras ouverts

Film : À bras ouverts (2016)

Réalisateur : Philippe de Chauveron

Acteurs : Christian Clavier (Jean-Etienne Fougerole), Ary Abittan (Babik), Elsa Zylberstein (Daphné Fougerole), Cyril Lecomte (Erwan Berruto)

Durée : 01:32:00


Philippe de Chauveron remet ça. Après Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, le réalisateur se penche à nouveau sur le rapport entre Français autochtones et immigrés, les Roms en l’occurrence. 

Cette fois, la leçon de morale sur l’accueil s’adresse à ceux qu’on aime appeler les bobos. Le héros, joué par un Christian Clavier toujours sympathique, veut montrer aux chantres de la fermeture des frontières qu’il est capable d’accueillir la misère du monde. Après lui avoir proposé 100 euros pour aller dormir ailleurs. Une famille rom débarque chez lui, prenant son engagement au mot, avec son lot de désagréments. 

La gauche hurle donc, presse en tête ! Non seulement les bourgeois cosmopolites de Marnes-la-Coquette montrent une colossale hypocrisie dans « l’ouverture » à l’étranger, mais cet étranger, en famille, passe pour un « sauvage » ! Mœurs traditionnelles (ancestrales et patriarcales pour cette presse qu’on aime tant), pragmatisme quelque peu égoïste aussi (une fois sa place trouvée, le rom ne compte pas la partager ; un idéaliste peut-il contenir quelques millions de sans-papiers dans un jardin de Marnes-la-Coquette ?) : le père de la famille rom, pourtant moteur comique du film, est Adolf Hitler en personne, sachez-le, et Chauveron va droit à Nuremberg pour son procès ! 

On ne saurait vous conseiller le film juste pour cela, bien que l’envie ne manque pas. L’équation est simple : soit on se reconnaît dans notre bon hôte millionnaire, et l’on passe un sale quart d’heure, soit on veut voir souffrir ledit bobo de son idéalisme, et l’on rit de bout en bout (à quelques exceptions de vulgarité près), notamment grâce au père rom. 

Même sans être un odieux réac et Cie, on peut très bien aimer le film, dont les intentions étaient manifestement d’en mettre sur le dos de tout le monde : après tout, la caricature, l’exagération font partie des domaines de la comédie. Mais quand il s’agit de leurs protégés, les critiques de la religion multiculturaliste n’aiment pas la moquerie. L’esprit Charlie pour se payer Benoît XVI, d’accord, pour se payer Jean-Étienne qui vote Macron, scandale ! 

Le procès pour racisme se fait. Les bûchers se montent en place publique. On en rirait presque (tant pis pour Chauveron, sa pensée – visible dans le film tout de même – s’est retournée contre lui !), si cela ne montrait pas à quel point les petits courtisans de l’intelligentsia contemporaine nous interdisent de penser librement. L’esprit voltairien, vers les autres oui, vers soi non ; la liberté de blâmer oui, mais seulement l’adversaire. Les chantres de la liberté sont des geôliers de la pensée. Pour tenter de ne pas faire trop inquisiteurs, certains expliquent que le problème, en soi, est que le film est techniquement mauvais, pas seulement sur les idées. On connaît la méthode : descendre un long-métrage pour sa valeur technique, pour feinter le regard objectif sur l’œuvre. On n’y croit pas une seconde, de toute façon : non seulement l’exigence de la comédie, au cinéma, n’est pas la même que celle des drames, mais en l’occurrence, on ne s’ennuie pas une seconde, et le casting est remarquable. Un film à prendre au énième degré, loin de leurs piailleries de biberonnés de l’idéologie multiculturaliste.