100% cachemire

Film : 100% cachemire (2013)

Réalisateur : Valérie Lemercier

Acteurs :

Durée : 01:38:00


100 % cachemire est une comédie assez inhabituelle. Le film tranche non seulement avec les stéréotypes des comédies américaines, mais même avec l'alambiqué des comédies françaises.

En tant que réalisatrice, Valérie Lemercier joue ici avec le feu. Le spectateur, même amusé, est toujours assis sur la crête du drame, le sujet étant si sensible qu'il en désamorce certains gags.

Dans ce couple foncièrement égoïste (particulièrement en la personne d'Aleksandra), l'enfant désiré devient une gêne, une écharde. Alexei n'est pas facile, c'est sûr, mais alors qu'on ne peut reprocher à un enfant, surtout orphelin, d'être un enfant, on est forcés d'être beaucoup plus sévères avec ces deux grands gamins qui lui servent de parents (avec un petit bémol pour le mari, magistralement interprété par Gilles Lelouche et qui renvoie une « certaine » image de stabilité).

Ce qui est revendiqué par Valérie Lemercier est remarquablement bien retranscrit à l'écran : le monde des apparences, ce qu'un philosophe réaliste appellerait le « phénoménon », c'est-à-dire la souveraineté du paraître sur l'être. Si Aleksandra voulait un enfant, c'était pour se rassurer, peut-être, mais pas pour assumer le bonheur d'un enfant. Toujours engoncée dans ses robes à la mode, elle renvoie l'image d'une femme équilibrée en apparence mais, au fond, totalement sinistrée jusqu'à la cruauté.

Pour asseoir cette hypocrisie, les deux se trompent d'ailleurs tranquillement avec un naturel si déconcertant qu'on se pose même la question d'une certaine complaisance de la réalisatrice.

Au milieu de cette saleté, très peu de moments vraiment tendres et touchants, quelques scènes amusantes, et un questionnement sur la place de l'enfant dans les couples modernes aussi pertinent qu'inquiétant.