3 coeurs

Film : 3 coeurs (2014)

Réalisateur : Benoît Jacquot

Acteurs : Benoît Poelvoorde (Marc), Charlotte Gainsbourg (Sylvie), Chiara Mastroianni (Sophie), Catherine Deneuve (La mère)

Durée : 01:46:00


Je suis fier de moi.

Je suis toujours là.

J'ai résisté au suicide.

Pourtant je suis allé voir 3 coeurs

Un homme, deux femmes. Je ne révèle rien : c'est explicite même sur l'affiche. Les deux femmes sont sœurs et s'adorent. Lui trompe l'une avec l'autre. Mais que s'est-il passé ?

Ce qu'il se passe dès qu'on fait n'importe quoi. Il rencontre une femme. Premier n'importe quoi : ils ne se connaissent pas, mais passent directement de la clope au lit. C'est sur, ça crée des liens, ou plutôt des menottes. Il faut croire le film sur parole : en une soirée, deux personnes équilibrées peuvent faire connaissance (intimement) et s'avoir dans la peau. Leur « amour » est plus tenace qu'une adventice enragée, et c'est 'achement beau.

Et pendant ce temps, la pellicule s'écoule aussi lentement que le sang de mes veines, moi spectateur prisonnier de ce drame auquel je ne parviens pas à m'identifier, ne couchant jamais le premier soir…

Ils ratent un rendez-vous et souffrent terriblement puisque, vous l'aurez compris, leur amour est si fort qu'il a été commercialisé en tubes de colle de 22 ml. Mais le temps passant, les plaies béantes cicatrisent, et pépère tombe amoureux d'une autre, qui est la sœur de la première (ce qu'il ignore). Déjà que les personnages ont la boussole qui s'affolent pour une histoire de rendez-vous raté, alors imaginez-les plongés dans cette situation ! Je te le dis, je ne te le dis pas, je sors ma tête de dépressive (à la Charlotte Gainsbourg parfaite dans ce rôle de poupée cassée), j'essaie de t'éviter mais c'est plus fort que moi, je t'aime tant, ne lui dis pas ! Aaarg ! Mes doigts s'incrustent dans l'accoudoir des fauteuils, je risque un œil vers mon téléphone. Elles avancent à l'envers les minutes ou quoi ?

Je veux bien croire que cela arrive dans la vie. Des gens ordinaires qui ont gobé les illusions du romantisme et qui s'enferrent dans le puits sans fond de leur faiblesse. Une banalité que l'on voit suffisamment ailleurs pour ne pas souhaiter la retrouver dans les salles obscures.

La voix off de Benoît Jacquot, sortie de nulle part, explicite les passages, au cas où l'on n'aurait pas compris. Ça fait bien, ça fait film d'auteur, mais il faudrait pour cela avoir les moyens de son ambition. Parce qu'à part quelques plans séquences intelligemment faits, la réalisation est d'une sobriété confondante.

Seul le jeu des acteurs sauve la face. Poelvoorde, Gainsbourg, Mastroianni, Deneuve… Ils ont la saveur exigée par la recette, mais incroyable de faire un gâteau aussi fade avec de tels ingrédients !