96 Heures

Film : 96 Heures (2013)

Réalisateur : Frédéric Schoendoerffer

Acteurs : Gérard Lanvin (Gabriel Carré), Niels Arestrup (Victor Kancel), Sylvie Testud (Marion Reynaud), Anne Consigny (Françoise Carré)

Durée : 01:36:00


Vous êtes-vous déjà demandé ce que vous feriez si vous aviez 96 heures pour faire parler un type ? Certains pensent directement à la torture, c'est le « guerre d'Algérie style... » Mais imaginons que vous soyez en face d'un type en béton armé… Le genre de gars qui vous regarde avec des yeux d'acier même quand vous êtes en train de cuisiner ses doigts. Que faites-vous ?

Des interrogatoires, le commissaire Gabriel Carré, sous les traits d'un Gérard Lanvin en pleine forme, en a conduit des tas. Le film s'ouvre sur le conseil qu'il donne à une collaboratrice pour son oral d'examen de commissaire : gagner du temps, ne montrer aucun signe de déstabilisation, retourner la question. Ces quelques premières secondes résument le film.

Que pouvions-nous rêver de mieux que Niels Arestrup, alias le gangster Victor, dans ce ring cinématographique où se toisent deux mastodontes de la pellicule ? Ils se dévisagent, se cherchent, se saisissent et se relâchent pour mieux s'affronter de nouveau. Sorti tout droit de son dernier rôle dans Diplomatie, où il s'agissait encore d'une joute psychologique, la mécanique Arestrup est bien huilée. L'un doit gagner du temps même devant l'extrême menace (sa femme, sa fille, la torture), l'autre a 96 heures pour faire parler un dur à cuire qui se renfermerait sous la torture. Pendant 1h36 on ne s'ennuie pas et l'on assiste, avide, au dénouement. Dans ce presque huis-clos, la caméra ne fait pas de fioritures. On est dans du pur Schoendoerffer (qui n'a d'ailleurs pas écrit le scénario, pour la première fois), celui qui montre, un point c'est tout. Thriller oui, mais pas à l'américaine, réaliste quoi… Les gangsters ne sont pas des types du GIGN, la vie du Président de la République n'est pas menacée, les voitures ne s'envolent pas en crissant : juste deux types qui manipulent ceux qui les entourent pour gagner l'avantage.

En dire plus serait très vilain. Ce serait dévoiler le secret des salles, ce serait impardonnable. Mais ce que je peux dire, c'est que cette petite aventure va conduire à explorer des chemins bien plus que professionnels. C'est la personnalité et la vie des deux hommes qui sont mises à nu, dans ce qu'elle a parfois de moins flatteur, d'où des situations d'une moralité très douteuse (ainsi va la vie), mais toujours exprimées avec pudeur. Gabriel doit-il protéger sa femme ? En tout cas Victor compte bien protéger sa fille, incarnée par la jolie Laura Smet, fille de Johnny Hallyday. On n'en dira pas plus...

Il est donc possible de faire du cinéma à la fois efficace et propre. Il faut pour cela du talent, il fallait Schoendoerffer...