Adèle Blanc-Sec

Film : Adèle Blanc-Sec (2009)

Réalisateur : Luc Besson

Acteurs : Louise Bourgoin (Adèle Blanc-Sec), Gilles Lellouche (Inspecteur Caponi), Mathieu Amalric (Dieuleveult), Jean-Paul Rouve (Justin de Saint Hubert)

Durée : 01:47:00


Inspirée de la bande dessinée de Jacques Tardi, l'idée du film est à la fois originale et séduisante. Placer une courageuse jeune fille du début du XXè siècle au milieu d'aventures trépidantes et improbables (un ptérodactyle survolant Paris, il fallait oser !), dans une quête contre la mort qui n'est pas sans rappeler la jeunesse éternelle poursuivie par son homologue masculin et américain Indiana Jones : voilà de quoi réjouir les amateurs du genre. De plus les effets spéciaux sont assez bons, exceptés peut-être ceux du ptérodactyle, parfois approximatifs. Louise Bourgoin est tout à fait charmante et endosse bien un personnage qui s'éloigne tout de même considérablement de son modèle dessiné. Hélas ! La réalisation est confiée au grand Guignol de l'époque, qui ne sait raconter qu'en caricaturant, pourvu que le fonds de commerce prospère. Déjà habitués à la haine de soi, les Français pourront donc de nouveau assister à une ridiculisation en règle de leurs institutions (un Président de la République irresponsable, des policiers incompétents, des savants butant contre l'obscurantisme ambiant), à l'avilissement de leurs symboles culturels en voyant un homme uriner sur la statue de Jeanne d'Arc et l'apostropher vulgairement « oh ! Ne fais pas ta pucelle ! Je suis sûr que tu en as vu d'autres ! » De fait la christianophobie pullule : après avoir sali l'innocence de Jeanne d'Arc, on montre un préfet membre fondateur du secours chrétien folâtrer au Moulin Rouge, on entend Adèle demander à un chien « t'as vu la Vierge ? », le savant qui va être condamné à mort s'appelle Espérandieu et celui qui traque Adèle s'appelle Dieuleveult... La caricature ne frappe pas seulement les personnes : elle aborde également les thèmes de société sérieux de manière désinvolte voire maladroite comme celui de la peine de mort, appliquée de manière honteuse par des gens écervelés à un innocent que de vilains bourgeois iront voir mourir en se délectant. Comme d'habitude il est difficile de savoir si cette mascarade a un but précis. L'objectif n'est probablement pas d'amuser, à moins que l'humour français ne se noie dans une bouteille de bière, pas d'enseigner non plus, puisque tout doit être rectifié pour avoir une vision juste. Peut-être s'agit-il simplement de l'attitude d'un mégalomane réputé, qui tente d'attirer les regard des curieux sur son personnage qu'il souhaite impertinent pourvu de ne rien risquer. La seule vraie question du film aurait pu être : faut-il accepter la mort ?, puisque la résurrection de sa jeune soeur est la quête ultime d'Adèle, mais Luc Besson passe à côté, peut-être par insuffisance intellectuelle. D'aucuns ont pu dire qu'un ticket de cinéma est un bulletin de vote.... Françaises, Français, irez-vous voter Besson ?