Aeon Flux

Film : Aeon Flux (2004)

Réalisateur : Karyn Kusama

Acteurs : Charlize Theron (Aeon Flux), Frances McDormant (The handler), Marton Csokas (Trevor Goodchild) .

Durée : 01:33:00


La réalisatrice, Karyn Kusama, s'attaque pour la première fois à la science-fiction. Elle avait déjà mis en scène une héroïne dans Girlfight en 1999 incarnant une jeune boxeuse mais elle entre ici dans un nouveau registre.

Aeon Flux est, à l'origine, une série animée créée en 1995 par le sud-coréen Peter Chung et l'américain Howard E. Baker.

Le
concept est intéressant, et le scénario, malgré quelques incohérences, tient la route. En effet, l'idée de faire survivre le monde grâce au clonage est poussée à l'extrême et fait l'objet d'une histoire plutôt attirante.

Cependant, la particularité du film n'est pas dans le récit qui s'essouffle ou se perd dans les flash-backs. Les effets spéciaux, quoique techniquement banals dans le cinéma moderne, sont au service d'une bonne imagination de la réalisatrice à la recherche d'une certaine originalité stylistique. En effet, l'esthétique rappelle dès les premières minutes celle de Matrix, en moins sombre peut-être. Les images sont très colorées, les décors recherchés, et le concept est soigné.

Ce qui est frappant par ailleurs, c'est la conception du style des personnages. On est dans un monde très dessin animé, avec des costumes et des coiffures dignes d'une expérience de mode. Malgré sa qualité photographique, le film ressemble plus à
un essai stylistique qu'à une véritable oeuvre cinématographique. La réalisation est du reste assez primaire avec un usage très important de techniques assez lourdes comme les ralentis, les flash-backs...

L'héroïne touche plus par sa beauté plastique que par son charisme d'actrice. Elle ressemble beaucoup à un copier coller de personnages du genre : dégaine et tenue vestimentaire sexy, très sérieuse, un brin caractérielle, femme qui dirige, plus masculine que les hommes.

L'ensemble reste pourtant correct grâce aux scènes d'action et à une plasticité globale satisfaisante. L'originalité étant présente à certains égards, Aeon Flux manque de personnalité, de caractère n’empêchant pas d’apprécier ce simple divertissement.

La question du clonage est une fois de plus mise à l'épreuve. De nombreux films ou romans en parlent mais si presque tout le monde s'accorde à dire que le clonage n'est pas éthique, il
est intéressant de pousser plus loin le débat en repoussant la fin du monde grâce à ce progrès de la science encore inaboutie. En effet, un scientifique, pour préserver la race humaine, clone depuis plusieurs siècles les individus qui ne peuvent plus se reproduire à cause d'un virus. C'est la science qui se bat contre la nature, c'est la science qui défie Dieu. Le scientifique en question pense faire le bien mais n'a pas réalisé à quel point son oeuvre posait de problèmes. Non seulement des hommes mal intentionnés veulent maîtriser sa science à des fins personnelles, mais en plus, l'idée de faire du bien est elle-même contestable. C'est ce que l'héroïne finira par lui faire comprendre : il vaut mieux vivre une fois et bien plutôt que de devenir les espèces de fantômes avec plusieurs passés et sans avenir. Classique, peut-être, mais pas évident.

Jean LOSFELD