Un nouveau film d’espionnage est à l’honneur cette semaine avec la patte si particulière du britannique Guy Ritchie, auteur des deux très réussis Sherlock Holmes (2009, 2011) et de Snatch (2000). On renoue ici avec le parfum des sixties : ça sent bon les premiers James Bond du genre Dr. No avec une intrigue classique autour du secret de fabrication de la bombe nucléaire. Deux agents, un soviétique du KGB et un américain de la CIA, vont faire exceptionnellement barque commune pour traquer une organisation anonyme cherchant à faire proliférer la technologie nucléaire détenue par les deux grandes superpuissances de la guerre froide, les États-Unis et l’URSS. Le film s’inspire librement d’une vieille série américaine (The Man from UNCLE) diffusée entre 1964 et 1968. Prenant subtilement des airs de parodie sans toutefois embrasser le burlesque d’OSS 117, il propose un scénario de course-poursuite très classique dans le genre, beaucoup plus posé que le dernier Mission : Impossible, et ne court pas après les gadgets technologiques et les démonstrations de violence. En fait l’histoire compte peu. La réalisation se focalise énormément sur les jeux de regard, les tests de personnalité entre les différents acteurs, ou encore les costumes de couturiers que les magazines de mode n’auront pas manqué de remarquer. En réalité Guy Ritchie se moque un peu de ce qu’il raconte : il produit un cinéma très moderne en jouant avec les situations, les acteurs et les plans. Il est un peu le Mickaël Jackson du cinéma dans le sens où il possède un incroyable sens du rythme de la musique et du glissement des images qu’il s’amuse à faire jongler au moyen de transitions hyper originales et en trouvant toujours des angles nouveaux à son cadre. Sous l’effet d’une sorte magie artistique créée par un excellent montage, on ne s’ennuie pas un seul instant alors que le fond de l’histoire est vu et revu ! Ceci dit l’insertion de l’acteur comique Hugh Grant dans cette affaire n’est pas franchement une réussite, à côté de Henry Cavill (Superman dans Man of Steel) et Armie Hammer qui ont tendance à se prendre à moitié au sérieux. Leur concurrence virile respectant les règles de l’élégance rappelle agréablement des valeurs masculines plus forcément en vogue aujourd’hui. Cela étant bien sûr agrémenté par le charme assuré (et maîtrisé) de la jeune Alicia Vikander, plutôt habile dans la jungle des hommes…